Nijinska / Voilà la femme de Dominique Brun
Dominique Brun poursuit son travail [...]
Focus -286-Chaillot ~ Théâtre national de la Danse
Carolyn Carlson poursuit son compagnonnage avec Gaston Bachelard en créant une nouvelle poésie visuelle intitulée The TREE.
Pourquoi avoir choisi comme point de départ pour cette nouvelle création les Fragments d’une poétique du feu de Gaston Bachelard ?
Carolyn Carlson : Dans ce texte, Gaston Bachelard dit que « nous sommes le feu de la présence », des êtres lumineux en recherche d’un sens plus profond à nos vies, d’une expansion de la conscience comme le Phénix qui renaît de ses cendres. « Dans quel désert, dans quelle nuit de l’âme, un oiseau, l’oiseau a-t-il appelé le poète ? : L’oiseau m’a appelé, je suis venu. » * Cette phrase est un défi pour les temps actuels, une renaissance essentielle pour prendre conscience de ce qui est en train de se passer.
Le feu est à la fois symbole de vie et synonyme de dévastation. Souhaitez-vous avec The TREE alerter sur la destruction de notre planète ou délivrer un message d’espoir ?
C.C. : Les incendies de plus en plus fréquents nous alertent sur la destruction de nos forêts, chaque arbre qui brûle nous fait perdre un peu d’air respirable et détruit également l’habitat des autres êtres vivants. Est-ce que les arbres pleurent ? Oui, si nous sommes assez ouverts nous entendons leurs cris, aussi terrifiants qu’alarmants. Le postulat de cette pièce est à la fois un état des lieux sur la situation écologique et un appel à préserver nos racines, notre environnement naturel. Il y a un espoir à vouloir préserver ces choses qui se perdent. L’espoir de planter de nouvelles forêts, de nous reconnecter à la nature, à nos sources primitives de vie.
En quoi les toiles de Gao Xingjian, qui seront projetées sur scène, résonnent-elles avec la thématique de cette création ?
C.C. : Les peintures poétiques de Gao Xingjian symboliseront l’essence même de la pièce, ouvrant l’imaginaire du spectateur. Ses tableaux sont des visions métaphoriques de la nature, éphémères, mystérieux et intangibles, ils appellent à un voyage intérieur. L’abstraction laisse de la place pour le rêve. C’est la même chose dans mon travail, je donne des indices pour interpréter les textes brillants de Gaston Bachelard et les tableaux de Gao Xingjian, par le biais de messages poétiques que chacun peut percevoir à sa manière. Les mots sont les mots, ils ne peuvent être comparés à la musique qui nourrit les oreilles, l’écoute, la vision qui emplit les yeux et la danse qui enflamme l’imagination.
Propos recueillis par Delphine Baffour
* Hier régnant désert, Yves Bonnefoy, Mercure de France 1958.
Tél :01 53 65 31 00.
Site : theatre-chaillot.fr
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