La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -152-japon

Solos féminins

Solos féminins - Critique sortie Danse
Naoko Shirakawa, danseuse magnétique © Akira Takano

Publié le 10 novembre 2007

Lors des représentations organisées dans le cadre de J-Dance, le plaisir de découvrir la création chorégraphique nippone s’ajoute à un voyage temporel : la programmation met en évidence les filiations et héritages qui sont à l’œuvre dans les travaux contemporains.

Lorsque l’on pense « danse japonaise », une image vient immédiatement à l’esprit : celle des corps nus et blancs, torturés et grimaçants, des danseurs de « butô ». Cette expression corporelle saisissante, certes dérivée d’héritages plus anciens, mais fondamentalement neuve, a souvent été associée au choc de la bombe atomique : comment danser après Hiroshima ? Quelle corporéité mettre en valeur quand tant de corps ont été blessés, niés ? Si l’histoire du butô est, en réalité, plus complexe que cela, il n’en reste pas moins que cette danse continue de nous renvoyer à une expérience des limites, voire de l’apocalypse.
L’un des enjeux d’une manifestation telle que J-Dance consiste à mettre en perspective le butô et la représentation de la danse japonaise qui en découle : le premier programme, qui met à l’honneur la création féminine, permettra de saisir les filiations de cette danse et sa capacité à perdurer (presque 50 ans après que les premières pièces de butô aient été présentées), mais aussi de mettre en valeur la diversité des recherches actuelles et les voies nouvelles qu’elles ouvrent.
 
Esthétiques plurielles
 
La soirée commence avec Fleurs à vitesse variable, de Setsuko Yamada. En 1971, cette dernière rejoint le chorégraphe Akira Kasai (qui sera présent lors du deuxième programme de J-Dance), auprès duquel elle s’est formée au butô. En 1977, elle chorégraphie ses premiers solos et, depuis lors, présente ses pièces dans le monde entier. Avec Naoko Shirakawa, qui présente Dynamis, c’est une autre génération et une autre vision de la culture nippone qui se trouvent mises en évidence : en 1989, avec Sakiko Oshima, elle fonde H. Art Chaos, l’une des principales compagnies de danse contemporaine au Japon. En tant qu’interprète, elle en illumine les chorégraphies, suscitant autant de trouble que d’enthousiasme. 
La soirée sera clôturée par Monika Monika, un solo d’Ikuyo Kuroda, dont le travail, vigoureux et engagé, voire agressif, ne laisse jamais le public indifférent. Elle nourrit son travail de fréquents allers-retours entre Orient et Occident (elle a notamment travaillé en France avec Josef Nadj) : avec elle, le Japon, terre « d’étrangeté », nous renvoie également à notre culture, et aux échanges qui président à la création artistique contemporaine.
 
 Marie Chavanieux


 Vendredi 30 novembre et samedi 1er décembre à 20H.

A propos de l'événement



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