La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -189-chaillot

Russell Maliphant

Russell Maliphant - Critique sortie Théâtre
© Panayiotis Sinnos

Publié le 10 juin 2011

Les lignes de tension de Rodin

Première au théâtre de Chaillot. La nouvelle création de Russell Maliphant prend sa source dans les peintures et sculptures d’Auguste Rodin.

« J’ai toujours été fasciné par la physicalité pure de ses œuvres. » Russell Maliphant
 
Sauriez-vous dire ce qui vous a interpellé dans le travail de Rodin ?
Russell Maliphant : La sculpture est l’une de mes sources d’inspiration depuis longtemps. Pour ce qui est de Rodin, j’ai d’abord approché son travail par des livres, à environ vingt ans, avant de découvrir la version des Bourgeois de Calais qui se trouve à Westminster et ses sculptures exposées au Victoria & Albert Museum. Puis je me suis rendu au musée Rodin à Paris. J’ai toujours été fasciné par la physicalité pure de ses œuvres, et par l’expressivité des corps qu’il représente.
 
Comment allez-vous travailler à partir de ces œuvres ?
R. M. : Dans le studio, nous aurons des livres et des reproductions de ces œuvres, auxquelles nous nous référerons quotidiennement. Nous travaillerons à partir de tâches liées aux caractéristiques des sculptures : leur forme, les directions qui les traversent… Depuis que je pratique la méthode Rolfing (ndlr technique de manipulation corporelle), je suis particulièrement attentif aux lignes de tension, qui parcourent à la fois les profondeurs et la surface du corps. La connaissance anatomique m’ouvre une nouvelle voie pour explorer des tensions, des rotations, des torsions – sur un mode très différent de celui que j’ai traversé auparavant avec les techniques classique ou contemporaine.
 
Travailler sur Rodin, c’est aussi l’occasion de travailler sur l’émotion… Ce qui n’est pas très fréquent dans la création chorégraphique d’aujourd’hui.
R. M. : En ce qui me concerne, cela fait longtemps que je suis intéressé par l’expression des émotions au sein d’un travail abstrait : j’ai commencé à explorer cette question dans Sheer, Shift et Push. Je considère la danse comme un art dans lequel la musique, le mouvement et la lumière convergent et – idéalement – créent quelque chose qui est bien plus que l’addition de ces différentes composantes. Je pense que c’est souvent dans cette juxtaposition que réside l’émotion. En studio, quand nous pratiquons des phrases chorégraphiques ou que nous improvisons à partir de tâches à effectuer, je travaille avec différentes bandes son, j’utilise aussi le logiciel Final Cut. La lumière et la projection d’images influent sur le matériau chorégraphique au cours de répétitions.
 
La vidéo et le décor semblent avoir une place particulièrement importante dans cette création. Quel sera leur rôle ?

R. M. : Nous avons commencé à travailler sur un décor composé de triangles rectangles et de carrés, à différents angles du sol, destinés à nous fournir des relations variées à la gravité. Les formes du décor sont un cadre pour le personnage qui évolue sur ce décor, un peu comme le socle d’une sculpture… Ainsi, le décor est vraiment l’un des éléments à partir desquels le vocabulaire corporel se construit. Quant à la projection vidéo, elle est utilisée en tant que source de lumière : cela permet de composer la lumière dans un dialogue avec l’espace, le corps en mouvement et la musique. C’est un procédé que j’ai commencé à explorer avec Afterlight et que je souhaite poursuivre dans mon projet suivant…

Propos recueillis par Marie Chavanieux


The Rodin project, chorégraphie de Russell Maliphant, du 31 janvier au 10 février 2012.

A propos de l'événement



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