Rituels, création de l’ONJ composée par Ellinoa, Sylvaine Hélary, Leïla Martial, Grégoire Letouvet et Frédéric Maurin

« Fabriquer, inventer ensemble une musique, un rite sonore commun. »

La partition met à l’honneur quatre vocalistes : les françaises Leïla Martial et Ellinoa, la suédoise Linda Oláh, bien connues dans le monde du jazz et des musiques improvisées, et le baryton belge Romain Dayez issu de la scène classique, et elle mobilise l’ONJ dans un format imposant de 13 musiciens comprenant 3 instrumentistes à cordes (violon, alto et violoncelle) en plus de la familière contrebasse. « J’ai senti que Frédéric Maurin laissait à chaque compositeur une grande liberté tout en posant un cadre suffisamment précis pour éviter la dispersion, souligne d’emblée Sylvaine Hélary, par ailleurs flûtiste et leader de ses propres groupes. L’idée de rituel me plaît : le concert gagne à être pensé lui-même comme tel, un moment où l’on convoquerait les meilleures conditions pour plonger l’auditeur dans une disposition particulière de l’écoute.  J’ai tenté d’organiser les timbres, rythmes et harmonies de manière à ce que chacun puisse à la fois trouver un espace d’expression lui convenant, voir se dépasser en s’aventurant sur des terrains méconnus, tout en étant sans cesse ramené à la fonction collective de la musique. Cela rejoint la question suivante : comment pratiquer, fabriquer, inventer ensemble une musique, un rite sonore commun ? » précise la musicienne. Les compositeurs de Rituels ont utilisé des textes sacrés ou mythologiques de diverses époques et civilisations sélectionnés par Grégoire Letouvet, faisant référence aux grandes principes cycliques qui rythment les grandes civilisations. « J’ai composé deux pièces représentant une vingtaine de minutes de musique au total. Puiser dans le recueil de textes anciens proposés m’a beaucoup aidé à relever le défi d’écrire pour les voix… » ajoute Sylvaine Hélary.

5 compositeurs, 4 voix, 13 instrumentistes

Mobilisée pour l’écriture mais aussi en qualité d’interprète dans cette création, Ellinoa s’est aussi laissée inspirer par cette notion de rituel : « Cela peut être le cycle de la journée, des saisons, de la vie, de la lune, de la féminité… qui ont tous des points communs et des correspondances entre eux. Et il y a aussi une notion de sacré. Ma pièce, qui se situe plutôt vers la fin du programme, se nourrit d’un tourment antérieur pour le transcender progressivement en espièglerie puis en apaisement. Après avoir découvert le matériel très riche, énergique et radical proposé par les autres compositeurs, j’ai eu le sentiment que le programme avait besoin d’un moment plus lyrique… Avec l’ONJ, les possibilités d’écriture sont quasi infinies et cela m’a pris un certain temps pour me libérer de mes questionnements pour simplement écrire ce dont j’avais envie à ce moment-là. Ma pièce dure une dizaine de minutes et elle est jouée et chantée par l’ensemble de l’orchestre : oui, j’y fais chanter les instrumentistes ! » explique Ellinoa.

Jean-Luc Caradec