(The Little Foxes) La Vipère
Thomas Ostermeier, directeur de la [...]
Focus -213-Les Gémeaux ~ Scène Nationale
Aurélien Bory signe une nouvelle création avec le groupe acrobatique de Tanger, qui pratique l’acrobatie comme un art ancestral et contemporain.
C’était en 2004, sur une plage de Tanger. Aurélien Bory menait un atelier avec des acrobates marocains formés selon la tradition amazighe de Sidi Ahmed Ou Moussa, apparue au 16e siècle. De cette rencontre naissait le Groupe acrobatique de Tanger, qui débarquait sur les scènes du monde avec Taoub comme acte fondateur et succès éclatant. Presque dix ans plus tard, le metteur en scène de cirque retrouve la troupe et embarque pour une nouvelle aventure. « Azimut vient du mot arabe « as-samt » qui signifie chemin, direction. Par dérivation, le terme a donné zénith, littéralement le « chemin au dessus de la tête », ce qui renvoie à la verticalité de l’acrobatie. Le saut est une tentative de vol qui échoue sans cesse et pourtant sans cesse recommencée. L’azimut évoque aussi l’astronomie car il mesure l’angle entre l’axe vertical des astres et le méridien de l’observateur, donc définit une position. Que signifie être acrobate aujourd’hui au Maroc, dans un contexte social et politique en mutation ? Quelle route choisir ? Existe-t-il une alternative au rationalisme occidental et à la religion ? Toutes ces réflexions préalables ont irrigué la création. » raconte-t-il.
L’art de l’espace
Performance physique, l’acrobatie porte des significations spirituelles et culturelles, parfois cultuelles, dans les différentes civilisations où elle est pratiquée. Au Maroc, elle se perpétue grâce à des familles constituées en troupes qui se produisent dans des fêtes traditionnelles. Elle désigne d’une part les pyramides humaines, d’origine guerrière, qui servaient autrefois à franchir les murailles, et, d’autre part, toutes les figures qui peuvent s’inscrire dans un cercle, telle que la roue arabe. « Le corps se tord pour dessiner une courbe et pourrait, théoriquement, tourner en rond à l’infini, comme les derviches. Dans certaines confréries, cette acrobatie est liée au soufisme. La résonnance spirituelle a nourri les questionnements qui innervent Azimut. » poursuit Aurélien Bory. Croisant cette tradition acrobatique avec la machinerie du théâtre baroque, empreint de merveilleux, qui utilise des trucages scéniques pour faire illusion, et pour faire voler les acteurs, Azimut dévoile aussi l’être aux prises avec la machine et ouvre grand l’imaginaire par la poétique des corps.
Gwénola David
Thomas Ostermeier, directeur de la [...]