La Terrasse

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Nostalgie

Nostalgie - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 décembre 2008

La troupe multiculturelle du Théâtre arabo-hébraïque de Jaffa raconte avec force les tourments et les espoirs d’une vie l’exil.

« Ma patrie est une valise »… Les mots de Mahmoud Darwich, forgés dans les plis du vécu, se glissent silencieusement dans la mélopée d’un chant arabe. Résonnent au cœur de Gabi Aldor, Claudia dela Seta, Ra’anan Ferrara, Norman Issa et Rawda Suliman, tous acteurs du Théâtre arabo-hébraïque de Jaffa. Israéliens, juifs, arabes, nés ici ou ailleurs, arrachés à la terre d’une vie tranquille, ils partagent l’expérience de l’exil, de la fuite, parfois du retour. Ce vieux, les épaules polies par les ans, fut expulsé de son village d’enfance, cette mère a quitté le Caire pour Israël, cette jeune fille, hédoniste peroxydée, retourne à Berlin sur les traces de son père, et cet oncle revient après des années cultiver le sol de ses ancêtres. Leurs paroles, taillées à même le réel, tranchent net l’aporie des discours et se mêlent aux souvenirs de deux comédiens ouzbeks qui voudraient devenir citoyens de leur « terre promise ».
 
Histoires croisées
 
Fondé en 1999 par la réunion de l’Arab Theatre A-Saraiya et du Local Theatre, le Théâtre arabo-hébraïque de Jaffa rassemble Arabes et Juifs sur une seule scène, posant par ce fait même un geste politique et artistique qui défie les frontières intérieures et les haines meurtrières. Logée dans l’ancien musée historique du vieux Jaffa, la troupe, unique en Israël, travaille pièces de répertoire et créations collectives, alterne projets communs et spectacles de chacune des deux compagnies fondatrices. Le multiculturalisme ne se réduit pas au slogan drapé en étendard publicitaire, mais affirme un choix de vie. Il se traduit aussi dans le frottement des langues sur le plateau, où s’entrechoquent accents arabes, hébreu, français, russes ou allemands. De cette mosaïque de destins éclatés, coupés à angles vifs, surgit peut-être l’ébauche, fragile, essentielle, d’un chemin d’avenir.
 
Gw. D.


Nostalgie, d’Itzik G’uli, Immad J’abarin, Danny Hurvitz, par l’Arab-Hebrew Theatre, spectacle en hébreu, arabe et allemand, surtitré en français et anglais, mise en scène d’Igal Ezraty, le 12 décembre à 19h et 21h30, au Théâtre National de Nice, salle Michel Simon.

A propos de l'événement



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