Edouard Signolet, trois projets à la croisée du théâtre, du conte et de l’opéra
Auteur - metteur en scène en résidence au [...]
Focus -286-Au Théâtre National de Nice, un nouvel élan
Afin de poser les bases d’un ancrage du TNN dans l’Europe méditerranéenne, la nouvelle directrice du lieu consacre un focus à la Grèce à travers cinq spectacles, qui donnent à voir l’importance des tragédies helléniques d’hier et d’aujourd’hui dans la création française actuelle.
« La Grèce est un petit pays, mais qui se retrouve plus souvent qu’à son tour l’épicentre des tragédies européennes ». remarque la metteuse en scène Irène Bonnaud, qui ainsi éclaire l’intérêt que ce territoire suscite chez bon nombre d’artistes contemporains. À commencer par elle-même, et par les créateurs des autres spectacles au programme : Au fil d’Œdipe et Une Antigone de papier des Anges au Plafond, Électre des bas-fonds de Simon Abkarian et `Uwrubba d’Ali et Hèdi Thabet. Ce constat est aussi pour beaucoup dans le choix de Muriel Mayette-Holz d’affirmer à travers ce focus grec son désir de tisser des liens forts avec l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Grèce. Se tourner vers la Grèce, c’est aussi pour la plupart des artistes interroger les origines de leurs pratiques. C’est questionner, c’est réveiller ce qu’il y a en nous de mythes. « Ce qui nous intéresse ici, c’est de rejouer cette lutte désespérée, de renouer avec la rage de ces personnages pris dans les filets du Destin », disent par exemple les Anges au Plafond.
La liberté guidée par le mythe
Pour s’approprier les mythes et tragédies grecques, les cinq artistes invités à Nice déploient des formes et récits variés. Les Anges au Plafond font revivre Antigone et Électre avec leurs marionnettes, leur musique et quelques mots. Simon Abkarian met le rock et le blues au cœur de sa fable contemporaine très librement inspirée de la tragédie de Sophocle : de princesse, Électre y est devenue servante de bordel, tandis qu’Oreste est un jeune homme dont le déguisement féminin lui permet d’échapper aux assassins d’Égisthe. Dans `Uwrubba, les frères Thabet s’intéressent à une figure beaucoup plus méconnue : celle de Raimondakis, un des derniers lépreux de l’île de Spinalonga. Narcisse est aussi de la partie dans ce spectacle total, proche de l’opéra, interprété par six danseurs accompagnés de neuf musiciens. Pour clore l’aventure grecque du TNN, Irène Bonnaud nous ramène proche de notre époque à travers C’était un samedi, un montage de textes du romancier grec Dimitris Hadzis, du poète Joseph Eliyia et de témoignages récents de la communauté juive de Ionannina, déportée à Auschwitz en 1944. Au TNN, les tragédies antiques résonnent avec des douleurs d’aujourd’hui.
Anaïs Heluin
`Uwrubba, les 11 et 12 mars 2021.
Électre des bas-fonds, du 24 au 26 mars 2021.
C’était un samedi, les 7 et 8 avril 2021.
Tél. : 04 93 13 90 90. Site : tnn.fr
Auteur - metteur en scène en résidence au [...]