La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -168-peniche

Musique et philosophie

Vicente Pradal revient sur scène avec un répertoire d’extraits de ses plus beaux spectacles.

Publié le 10 mai 2009

La « Nuit de la contemporaine » réunit les quatre compositeurs vedettes des « Lundis de la contemporaine ». Quatre œuvres inspirées par la philosophie contemporaine, suivies d’un moment d’échange sur le thème « musique et philosophie ».

La musique est, depuis Platon au moins, un sujet de réflexion pour la philosophie. L’inverse n’est pas forcément évident. Certes, quelques compositeurs, ont pu se pencher sur le destin de philosophes : récemment, par exemple, Graciane Finzi dans Le Dernier Jour de Socrate (Opéra Comique, 1998) ou Ahmed Essyad dans Héloïse et Abélard (Opéra du Rhin, 2000) n’hésitaient pas à porter sur scène une leçon de philosophie. Mais peut-on mettre en musique la philosophie sans mettre en scène les philosophes ? Pour répondre à cette pertinente question, la Péniche Opéra a passé commande à quatre compositeurs, leur demandant joliment de « métamorphoser en musique la voix des penseurs ». Ils ont ainsi fait leur choix parmi le corpus réuni par le philosophe et germaniste Dorian Astor – des textes qui partagent la particularité d’avoir été prononcés oralement, à l’occasion de cours, conférences, débats…
Quatre « lundis de la contemporaine » ont ainsi rythmé la saison de la Péniche, consacrés successivement à Paul Méfano, Thierry Machuel, Pascale Criton et Philippe Fénelon (le 11 mai) – avec en contrepoint récurrent la longue déclamation du Socrate de Satie, tiré intégralement des œuvres de Platon. Ces concerts monographiques, faisant la part belle à la mélodie, étaient chaque fois couronnés par la création de l’œuvre « philosophique ». Paul Méfano (né en 1937) s’est ainsi emparé d’un texte de Michel Foucault, « Hétérotopologie » pour une mise en musique aphoristique, presque sans artifice, sinon celui de l’électro-acoustique. Même choix de l’auteur et de la sonorisation pour Pascale Criton (née en 1954), qui mêle dans sa création le texte chanté des Hétérotopies de Foucault et les voix multiples d’autres philosophes contemporains : Badiou, Baudrillard, Butler, Chomsky, Derrida, Deleuze, Guattari, Sloterdijk. C’est un opéra de chambre que Thierry Machuel a, quant à lui, composé en s’inspirant des réflexions de Michel Foucault, décidément très présent dans l’univers philosophique des compositeurs, sur le Panoptique de Jeremy Bentham, projet de monde carcéral ne laissant aucune place à l’intimité et reposant sur « l’omniprésence invisible » des surveillants. Pour clore cette saison musico-philosophique, la Péniche Opéra rassemble, le 16 mai, ces trois œuvres ainsi que Les Fourmis, tout juste créées, de Philippe Fénelon dans le cadre d’une « Nuit de la contemporaine » qui sera aussi l’occasion d’échanger jusqu’au cœur de la nuit sur les liens qui unissent musique et philosophie. Aux côtés des compositeurs, le débat réunira chorégraphes, plasticiens ou philosophes.
 
Jean-Guillaume Lebrun


Samedi 16 mai de 21h à 3h. Places : 17 €.

A propos de l'événement



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