La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -151-massy

Mireille Larroche

Mireille Larroche - Critique sortie Classique / Opéra

Publié le 10 octobre 2007

Madama Butterfly : affrontement entre Orient et Occident

Ancienne assistante d’Ariane Mnouchkine, Mireille Larroche dirige La Péniche-Opéra depuis 1982. Elle met en scène Madama Butterfly à l’Opéra de Massy, après l’avoir présenté dans le cadre des Chorégies d’Orange.

Quelle est votre vision de Madama Butterfly de Puccini ?

Mireille Larroche : Il y a plusieurs niveaux de lecture. C’est tout d’abord une leçon de politique, nous renvoyant à une cruelle actualité. Madame Butterfly tombe amoureuse des valeurs occidentales de liberté, d’égalité, mais l’Occident va vite se transformer en pilleur. L’opéra montre ainsi les drames de l’impérialisme et du colonialisme. On peut aujourd’hui penser à l’impérialisme américain, mais aussi à celui de la Russie en Tchétchénie. Par ailleurs, il y a la description d’une société vieillissante – le Japon -, repliée sur elle-même, laissant naître l’intégrisme, incarné par les bonzes. Enfin, Madama Butterfly est un opéra sur la condition de la femme. Il y est clairement montré que la société refuse la possibilité qu’une femme prenne en main son destin.

« Il faut dépoussiérer Madama Butterfly, enlever le pathos du drame romantique »

Quel parti pris esthétique défendez-vous ?

M.L. : Il faut dépoussiérer cet ouvrage, enlever le pathos du drame romantique. Pour autant, je n’ai pas souhaité réactualiser l’opéra. Pour moi, l’essentiel est de montrer l’affrontement entre deux cultures, entre l’Orient et l’Occident. La cérémonie du thé s’oppose au gin et au whisky, et les cigares concurrencent l’opium. Mais je n’ai pas tenté de réaliser un travail de reconstitution. Je préfère mettre en avant l’énergie et la révolte des protagonistes.

Comment transposer la scénographie du plateau colossal des Chorégies d’Orange à l’Opéra de Massy ?

M.L. : Donner Madama Butterfly dans un théâtre antique est l’évidence, car c’est une véritable tragédie. Le lieu demande aux chanteurs une technique particulière. Mais la scénographie n’est pas gigantesque. Il m’importait avant tout de faire de la maison de Madame Butterfly un îlot de résistance et de douleur. Le dispositif repose par ailleurs sur une maquette représentant la ville et le port de Yokohama. Il s’adaptera sans problème à l’Opéra de Massy.

Propos recueillis par A. Pecqueur


Vendredi 9 novembre à 20h et dimanche 11 novembre à 16h

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