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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Les mots et les notes

Les mots et les notes - Critique sortie Classique / Opéra Nanterre Maison de la musique de Nanterre
Crédit photo Quignard : Jérôme Bonnet

Publié le 29 août 2014 - N° 223

Violiste et organiste de formation, Pascal Quignard entretient une relation nourrie à la musique.

Si l’on se plonge dans la biographie de Pascal Quignard, on y découvre que l’écrivain a étudié l’orgue et la viole de gambe – deux instruments qui lui ouvrent les portes de la musique baroque, qu’il affectionne. En 1988, il devient conseiller au Centre de musique baroque de Versailles et en 1990 fonde dans cette même ville le Festival international d’opéra et de théâtre baroque. De 1990 à 1993, il occupe par ailleurs les fonctions de président du Concert des nations, l’ensemble d’un autre violiste, Jordi Savall. Aujourd’hui, dans sa maison de Sens, il possède encore deux pianos droits.

Rythmique de l’écriture

D’un point de vue esthétique, la musique irrigue en profondeur toute l’œuvre de Pascal Quignard, telle la basse obstinée d’une chaconne. Dans le cultissime Tous les matins du monde, publié en 1991, l’écrivain nous plonge dans la relation conflictuelle entre le violiste Monsieur de Sainte-Colombe et son disciple Marin Marais. Un livre adapté au cinéma par Alain Corneau, offrant à Gérard Depardieu et Jean-Pierre Marielle un duo d’anthologie. En 1996, Quignard livre un traité philosophique, La Haine de la musique. Il y est question du lien entre les pouvoirs totalitaires et la musique, prolongeant ainsi, de manière personnelle, la réflexion entreprise par Adorno. « La musique est le seul, de tous les arts, qui ait collaboré à l’extermination des Juifs organisée par les Allemands de 1933 à 1945 », rappelle Quignard. Plus loin, on trouve cette phrase, nette et si juste : « la musique viole le corps humain ». Depuis 2002, et l’attribution du Prix Goncourt aux Ombres errantes, Pascal Quignard s’est lancé dans un vaste projet, intitulé Dernier Royaume, dont Les Ombres errantes ne sont que la première partie. Dans ce cycle, il invente une nouvelle écriture, à la musicalité sidérante. Du choix des titres à la rythmique des phrases, tout nous ramène à l’ornementation délicieusement mélancolique du baroque français. Et si ce dernier royaume n’était rien d’autre que la musique elle-même ?

A Pecqueur

 

TM+, La Maison de la Musique, 8 rue des anciennes mairies, 92000 Nanterre. Tél : 01 41 37 76 16.

A propos de l'événement

Les mots et les notes
Maison de la musique de Nanterre
8 Rue des Anciennes Mairies, 92000 Nanterre, France
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