Entretien croisé Alexandros Markeas / Joëlle Zask
Musique et politique Dans un café de la [...]
Daniel D’Adamo s’est emparé de La Haine de la musique de Pascal Quignard, pour bâtir un monodrame pour un comédien et dix instrumentistes, créé dans le cadre de Musica. Rencontre avec le compositeur et son metteur en scène Christian Gangneron.
Pourquoi avoir fait le choix de ce texte de Pascal Quignard ?
Daniel D’Adamo : J’ai immédiatement été accroché par ce texte extraordinaire. Les thématiques abordées par Pascal Quignard agissent comme des leitmotivs et certaines de ses phrases ont déclenché en moi de véritables images sonores. D’une certaine manière, construire une sensation musicale à partir de ce texte a été très facile.
Le livre de Pascal Quignard est une suite de « petits traités ». Dans quelle mesure se prêtent-ils à devenir matériau théâtral ?
C. G. : Tout d’abord, j’aime travailler sur des matériaux qui ne sont pas d’emblée théâtraux. Mettre en scène l’opéra, ce n’est pas seulement raconter une histoire. La théâtralité ici tient avant tout au cheminement de la pensée, à ses linéaments…
D. D’A. : C’est un texte très ouvert, qui a un grand pouvoir sur l’imagination, qui se prête à toutes formes d’interprétation et dans lequel il n’est pas difficile de se frayer un chemin.
Quel est le statut de cette voix unique confiée au comédien Lionel Monier ?
C. G. : Le comédien se situe dans un entre-deux, c’est un personnage pris dans une double sollicitation entre le texte et la musique. Il aide le spectateur à projeter ses propres images et en même temps il donne corps à la pensée. On pourrait presque parler d’archéologie fictive : j’essaie de faire jouer par le comédien la situation dans laquelle on se trouve lorsque nous viennent les idées.
D. D’A. : La musique est l’autre personnage omniprésent ; elle sera incarnée sur scène par les musiciens et le chef d’orchestre, dans un jeu permanent de présence et d’éloignement, auquel l’électronique participe également : elle élargit, décuple l’espace musical et y plonge les spectateurs. C’est un peu la leçon de Pascal Quignard : on ne peut pas échapper à la musique !
Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun
Création au Festival Musica le 9 octobre à 20h30 et reprise en version semi-scénique à la Cité de la musique le 12 décembre à 20h.
TM+, La Maison de la Musique, 8 rue des anciennes mairies, 92000 Nanterre. Tél : 01 41 37 76 16.