Giordano Bruno
Avec cette œuvre originale consacrée au [...]
Richard Brunel met en scène l’opéra de Verdi. Sans céder aux facilités de la reconstitution historique ni à l’actualisation univoque, il fait de cette histoire de rivalité amoureuse une âpre lutte de clans.
Pour Richard Brunel, il y a du Roméo et Juliette dans Le Trouvère et, dans sa mise en scène, on retrouve quelque écho de West Side Story : au-delà de l’amour de Leonora, la femme convoitée par le Comte de Luna et le trouvère Manrico, l’enjeu est bel et bien le contrôle d’un territoire. C’est le terrain vague où les deux hommes s’affrontent au premier acte, ce sont aussi ces confins où se fait entendre le soir le chant du trouvère. Comme souvent chez Richard Brunel, le spectateur est impliqué, presque malgré lui, dans les conflits qui se déroulent sur scène. C’est comme s’il participait avec le chœur aux mouvements de foule, immergé dans la violence des expéditions punitives. Intelligemment, la scénographie de Bruno de Lavenère dévoile peu à peu les différentes facettes du décor unique, et le public se laisse guider, tromper peut-être, par ces récits où la frontière entre réalité et légende est indiscernable. Utilisant les chœurs (remarquables) comme contrepoint visuel au chant et au mouvement des solistes (le quatuor vocal composé d’Igor Golovatenko, Sung Kyu Park, Jennifer Rowley et Elena Gabouri est parfaitement équilibré), le metteur en scène laisse tout l’espace nécessaire à la musique de Verdi, confiée ici à la direction de Nicolas Chalvin.
Jean-Guillaume Lebrun
Dimanche 19 juin à 17h, mercredi 22 et samedi 25 juin à 20h.
Spectacle vu à l’Opéra de Lille, co-producteur, en février 2016.
Tél : 02 31 30 48 00. http://theatre.caen.fr/
Avec cette œuvre originale consacrée au [...]