Le Trouvère
Richard Brunel met en scène l’opéra de Verdi. [...]
Avec cette œuvre originale consacrée au philosophe de la Renaissance, Francesco Filidei (né en 1973) signe son premier opéra. Une réussite magistrale.
Parmi les œuvres de Verdi, Dallapiccola, Honegger.., les héros lyriques sont souvent menés au bûcher, portant la musique à un paroxysme incandescent. En faisant de Giordano Bruno le protagoniste de son premier opéra, Francesco Filidei, qui revendique l’influence de la musique de la Renaissance, s’inscrit dans une riche thématique lyrique, mais l’œuvre écrite avec son librettiste Stefano Busellato tourne le dos à toute vision mélodramatique : ce n’est pas tant le destin d’un homme qui les intéresse, mais plutôt de montrer l’homme et sa pensée – le corps et l’esprit – face au monde. C’est ce double mouvement que tracent les douze scènes de l’opéra, alternance de moments du procès (de la dénonciation au bûcher) et d’exposition de la pensée du philosophe. L’œuvre est parcourue de ritournelles, un continuum qui pourrait être la musique des sphères, de cet infini que tenta de cerner Giordano Bruno. Musicalement inventive, sollicitant un matériau sonore multiple (un chœur de douze voix solistes en plus des quatre protagonistes, et de nombreuses percussions), c’est aussi une superbe composition théâtrale, mise en scène par Antoine Gindt. A la tête de l’Ensemble intercontemporain, Léo Warynski dirige une musique habitée par le chant. Et la réussite de l’œuvre tient aussi à la performance impressionnante du baryton Lionel Peintre dans le rôle-titre.
Jean-Guillaume Lebrun
Mardi 26 avril à 20h.
Spectacle vu au Festival Musica de Strasbourg en septembre 2015.
Tél : 02 31 30 48 00. http://theatre.caen.fr/
Richard Brunel met en scène l’opéra de Verdi. [...]