Le Petit Théâtre du bout du monde

« Le Petit Théâtre du bout du monde cherche à créer un laboratoire pour le spectateur. Ce dernier occuperait la position de l’entomologiste qui examine « des bêtes » dans une boîte. Pour cela, j’ai choisi la forme d’une installation habitée, une boîte close où sont enfermés deux appariteurs, avec leurs personnages. De quoi vivent-ils ? Quelles sont leurs motivations ? A l’extérieur de cette grande boîte, les spectateurs observent et découvrent que ce monde clos est une allégorie de notre réalité. Mais ils apprennent bientôt qu’ils peuvent agir sur celui-ci. Ils deviennent eux-mêmes acteurs, machinistes, manipulateurs, expérimentateurs, complices… Quant aux personnages de ce monde, ils n’ont pas d’histoire. Ils fabriquent leur propre univers.

Le dessein absurde de notre civilisation

Ils font aussi ce que nous faisons tous les jours : attendre un bus, dormir, regarder la télé, sauf que ces actions sont arrêtées dans le temps. Car leur temps ne passe pas. Ou bien ils passent leur temps à attendre que ce temps passe pour sortir de cet état. Ces êtres nous ressemblent de manière troublante, sans pourtant vraiment nous ressembler complètement. Avec mon équipe artistique, nous avons voulu raconter le dessein absurde de notre civilisation où le vivant est une valeur monnayable. Dans cet univers du néant, les hommes errent sans jamais trouver leur dignité. Ils perdent leur temps dans la propagande. Je crois en l’acte de travailler à notre rémission par la création et la poésie du théâtre. Cela, en créant une sorte d’expérience commune qui serait plus légitime que celle qui établit comme une vérité absolue le FMI ou le CAC 40. »

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat