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Focus -242-Festival de Saint~Denis 2016
Nathalie Rappaport dirige le Festival de Saint-Denis. Elle revient sur son fonctionnement et sur les volets artistique et économique de cette manifestation.
Quelle est la spécificité du Festival de Saint-Denis dans le paysage des festivals français ?
Nathalie Rappaport : Les deux spécificités principales sont ses lieux, en particulier la Basilique, et son territoire : une ville de banlieue populaire, aux portes de Paris, au cœur du Grand Paris. D’un côté, le rattachement à l’histoire qui remonte au XIème siècle pour la Basilique, de l’autre un ancrage dans un territoire jeune, en mouvement, où plus de cent nationalités se côtoient et cohabitent. Il en résulte des choix de programmes et de répertoires spécifiques, du Requiem d’Anne de Bretagne à une création de Goran Bregovic sur Sarajevo, la Jérusalem des Balkans, en passant par la 3e Symphonie de Mahler et le Magnificat de Bach. Notre objectif est de faire partager au plus grand nombre et avec exigence un patrimoine commun universel. Le public composé pour moitié d’habitants du territoire ne s’y trompe pas et nous suit, notamment grâce à toutes nos actions de sensibilisation dans les quartiers, dans les écoles, et avec le tissu associatif local.
Quelle identité avez-vous souhaité donner à cette édition?
N. R. : 2016 est dans la continuité des trois éditions précédentes. La présence de Radio France et de toutes ses formations musicales en ouverture et en clôture du Festival prolonge une relation forte qui existe depuis 1979, ce dont je me réjouis. Nous poursuivons aussi les collaborations artistiques avec Pygmalion (Raphaël Pichon), Cappella Mediterranea (Leonardo Garcia Alarcon), ou encore Le Balcon (Maxime Pascal) et Secession Orchestra (Clément Mao-Takacs), deux ensembles en résidence. La Coupe d’Europe de football, dont sept grands matchs auront lieu au Stade de France à quelques pas de la Basilique, nous a amenés à proposer, en deuxième partie de festival, quelques concerts destinés à un public élargi et encore plus diversifié. C’est le cas avec le rock poétique de Rosemary Standley, la 9e symphonie de Beethoven ou encore les « Amazones d’Afrique ».
Quels sont vos projets au-delà de cette édition ?
N. R.: Le Festival aura bientôt cinquante ans. Il faut préparer cette fête et être à la hauteur de l’événement. Puis penser aux cinquante prochaines années !
Êtes-vous inquiète pour le financement du festival dans les années à venir ?
N. R. : Une manifestation comme la nôtre, qui repose sur un double financement de fonds publics et de fonds privés, venant d’entreprises liées au territoire et attachées au Festival, est intrinsèquement fragile, comme toutes les structures culturelles qui ne disposent pas d’un lieu d’exploitation à l’année. Nous avons bien sûr des conventions avec nos principales tutelles qui nous soutiennent fortement, la Ville de Saint-Denis, le Conseil départemental, la communauté de communes d’agglomération Plaine Commune, la Région et l’État. Mais dans notre cas, 40% de notre financement vient du secteur privé, ce qui est beaucoup et atypique. Ajoutons que nous avons toujours fait en sorte que nos concerts restent accessibles, avec des tarifs réduits pour les habitants du territoire, un « pass jeunes » et, encore une fois, beaucoup d’actions de sensibilisation toutes gratuites. Inquiète, je le suis parfois, mais je suis toujours persuadée que la culture est le domaine où il faut dépenser et investir pour l’avenir. C’est une question de responsabilité collective.
Propos recueillis par Antoine Pecqueur
Tél. 01 48 13 06 07.
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