Le baryton Laurent Deleuil « Le Travail du peintre »

Guidés par leur goût en commun pour la peinture de la fin XIXe et du début du XXe siècle, ce sont des chemins de traverse que Laurent Deleuil et son complice Nicolas Royez empruntent pour explorer le répertoire de la mélodie. Le point de départ de ce disque rare et délicat est le recueil de Poulenc composé en 1956 intitulé Le Travail du peintre. Peu jouées et enregistrées, ces miniatures s’appuient sur sept poèmes de Paul Éluard extraits de Voir (1948) célébrant tour à tour l’art de Picasso, Chagall, Braque, Gris, Klee, Miró et Villon. Dans ces jeux de correspondances entre musique et peinture, que souligne le très beau livret du disque qui parait sur le label Chapeau l’Artiste, d’autres compositeurs sont mis à l’honneur : Fauré et ses Mélodies de Venise (1891) autour de poèmes de Verlaine sur lesquels plane l’influence de Watteau, le Ravel des Histoires naturelles (1906) composées sur les portraits animaliers de Jules Renard, et enfin le compositeur contemporain québécois Denis Gougeon (né en 1951). « Il me semble important de défendre la musique de nos contemporains et, accessoirement, la musique canadienne » insiste Laurent Deleuil. Ce disque, qui met en lumière une alchimie rare entre voix et piano, est la très prometteuse première réalisation en commun des deux interprètes, cinq ans après leur rencontre lors de l’Académie du Festival d’Aix-en Provence puis leur prix Francis Poulenc lors du Concours international d’interprétation de la mélodie française de Toulouse. Une voix et un  tandem à suivre de près.

Jean Lukas