La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -180-dehors

Laurent Dehors

Laurent Dehors - Critique sortie Classique / Opéra
Crédit : E. Grundmann / Légende : Stravinski, Bizet, Mozart : Laurent Dehors a toujours aimé se réapproprier les chefs-d’œuvre du classique.

Publié le 10 septembre 2010

SORTIR DE SA BULLE : POUR LA MIXITÉ MUSICALE !

Le saxophoniste, clarinettiste et maître d’œuvre de Tous Dehors nous éclaire sur sa nouvelle et séduisante création, « Une petite histoire de l’opéra », ainsi que sur son orchestre polymorphe.

« On commencera par le prologue de l’Orfeo de Monteverdi et on s’arrêtera avec l’air de la chevelure de Pelléas et Mélisande de Debussy »
 
Pouvez-vous nous expliquer la genèse de votre nouvelle création ?
Laurent Dehors : C’est une petite histoire de l’opéra. On avait hésité avec « ma petite histoire » parce que c’était ma madeleine, les airs que j’aime et que j’avais envie de retravailler. C’est à peu près l’équipe de la Flûte Enchantée (un spectacle pour enfants avec lequel nous avons tourné ces dernières années), mais avec deux interprètes nouveaux, dont Anne Magouët, une chanteuse très réputée dans le milieu baroque. Elle est prête à tenter l’aventure de la mixité avec ma musique qui est baroque aussi, mais dans un autre sens, c’est-à-dire un peu « penchée » !

Pourquoi parlez-vous de madeleine ?
L. D. : Ces airs, ce sont eux qui m’ont « fait ». Comme beaucoup de gens de ma génération, je suis nourri de musiques différentes. J’ai une double culture : j’ai fait le Conservatoire, j’ai bossé avec Jacques Lancelot à la clarinette, mais dans le même temps, j’écoutais les disques de mes parents et je jouais sur Sidney Bechet et Glenn Miller. J’ai fait aussi du rock dans la cave à l’époque où je trouvais que la clarinette n’était plus assez glamour…

Ce sont les grands thèmes d’opéra qui ont marqué votre vie ?
L. D. : Oui, on commencera par le prologue de l’Orfeo de Monteverdi et on s’arrêtera avec l’air de la chevelure de Pelléas et Mélisande de Debussy. Beaucoup d’airs vont être retraités comme des chansons populaires, d’autres seront bien évidemment plus développés, à la manière du jazz où l’on va s’emparer des matières pour improviser…

Vous déclinez des « formules » de votre ensemble. Quand vous l’avez créé il y a déjà près de vingt ans, vous aviez déjà cette idée en tête ?
L. D. : On sait toujours à peu près ce qu’on veut faire, mais on ne sait pas comment on va y arriver ! Il faut donc faire attention aux gens qui jouent votre musique. Depuis le départ, dans l’équipe de Tous Dehors, se trouvent un gars de la rue et un gars qui avait fait les écoles. C’est capital de faire attention à la nature humaine de l’instrumentiste. J’écris en pensant à mes musiciens. Et maintenant que je les connais bien, je les pousse un petit peu plus loin pour qu’ils me proposent des choses encore plus élaborées et hurluberlues.

Quelles différences entre « les petites formes » et les formules orchestre ?
L. D. : Le big band, ce serait plutôt la grosse berline confort. La petite formation, c’est beaucoup plus vif, comme un bolide. Ma chance, c’est de travailler avec des polyinstrumentistes. Ils ont un instrument principal mais savent jouer d’autres choses. Ils utilisent parfois leur fragilité sur certains instruments pour un son musical spécifique. Il y a donc des choses très virtuoses, mais aussi des clins d’œil traités avec humour.

Il y a une volonté pédagogique dans votre travail ?
L. D. : Ah oui ! Quand j’étais jeune, ma grand-mère venait m’écouter en club de jazz, mais elle n’aurait jamais écouté cette musique-là si ce n’était pas son petit-fils qui l’avait emmenée. Quand je présente un projet, j’ai le souci de ne pas rester dans ma bulle, mais de permettre à d’autres d’y entrer. À une époque, notre slogan c’était : “comment prendre l’air sans attraper froid“…

Et les grands airs d’opéra sont une porte d’entrée ?
L. D. : Complètement. Merci à Mozart et Bizet, ce sont de magnifiques pâtes à modeler. Ça permet d’aller à la rencontre d’un public qui ne serait pas venu à « un concert de jazz » mais qui ressort en se disant qu’il a pris finalement beaucoup de plaisir à écouter cette musique.
 
Propos recueillis par Mathieu Durand

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