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Focus -232-Centre des Monuments Nationaux
L’Abbaye de Cluny, ou le tombeau des rois de la Basilique de Saint-Denis… Autant d’écrins pour Nathalie Pernette, qui joue le jeu de l’in situ avec une proposition à la mesure de la profondeur des lieux.
Ce n’est pas la première fois que vous sortez de la boîte noire du théâtre. Quel sens cela a-t-il dans votre démarche ?
Nathalie Pernette : J’ai vraiment créé une forme fondatrice dans ce type de travail en 2009. C’est venu d’une triple nécessité. D’abord de territoire : étant implantée en Franche-Comté, j’avais envie de rendre la danse présente un peu partout, sur un territoire majoritairement rural. Un deuxième désir, plus artistique, était de me rapprocher du spectateur, jusqu’à l’impliquer dans la création. Le troisième volet était une conviction politique, pour faire en sorte que cet art qu’est la danse soit vu par ceux qui ne la connaissent pas. J’ai créé un certain nombre d’objets chorégraphiques permettant à la danse d’éclore, de se fondre, de se décaler du paysage. Ce qui m’intéresse dans l’in situ, c’est de composer avec l’environnement architectural, avec les énergies, avec la vie de la population, et ensuite de disparaître, comme un courant d’air.
Comment avez-vous composé avec ces espaces particuliers qui portent une forme d’histoire, de mémoire… ?
N. P. : Il s’agit avant tout d’un projet en trois volets, où je me questionne sur le passage d’une immobilité presque minérale à la naissance du mouvement dansé. La Figure du Gisant se réfère à la statuaire, dans une fascination pour les pierres tombales et tout ce qui a trait à l’art mortuaire, les cimetières, ces endroits où règne une atmosphère très particulière… Dans le processus de création, qui est basé sur une déambulation avec des « stations », ce n’est pas un seul lieu qui portera la danse. Nous allons cheminer, dans une écoute et un regard porté sur les architectures. Comment les corps peuvent-ils s’y inscrire, danser, apparaître et repartir ? Par exemple, un premier solo de « bienvenue », que l’on appelle « Le Passeur », se tient dans un entre-deux entre la vie et la mort, et nécessite un endroit propice : une entrée démesurée, un porche, quelque chose qui symboliquement permet le passage. Une autre danse, celle du réveil des gisants, requiert une verticale, un plafond haut, pour jouer sur le décalage avec les corps allongés. A chaque fois j’essaye de retrouver des éléments d’architecture qui permettent de recréer le cheminement dramaturgique, de réinvestir et transformer les danses que l’on a créées.
Propos recueillis par Nathalie Yokel
Abbaye de Cluny, 71250 Cluny. Les 12 et 13 juin 2015. Tél. : 03 85 59 15 93. Basilique-cathédrale, 93200 Saint-Denis. Le 16 octobre 2015. Tél. : 04 74 22 83 83.
Tél : 01 44 61 21 50. www.monuments-nationaux.fr
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