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Jos van Immerseel

Jos van Immerseel - Critique sortie Classique / Opéra

Publié le 10 mars 2011

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Jos van Immerseel et son orchestre sur instruments anciens Anima Eterna sont associés à l’Opéra de Dijon. L’occasion pour le musicien flamand de nous évoquer sa conception puriste de l’interprétation musicale.

« Nous cherchons à jouer les pièces de façon à ce que, si le compositeur se trouvait dans la salle, il pût au moins reconnaître la partition ! »
 
 
En quoi consiste votre association avec l’Opéra de Dijon ?
 
Jos van Immerseel : Le principe est de donner en moyenne trois concerts par an à Dijon avec Anima Eterna. Outre les concerts avec l’orchestre, il y a aussi des programmes de musique de chambre, pour lesquels je joue régulièrement du piano ou du pianoforte. Au XIXème siècle, les chefs et leurs orchestres donnaient la plupart de leurs concerts dans les villes où ils étaient implantés. Aujourd’hui, les ensembles voyagent beaucoup, d’où parfois un certain manque de stabilité. J’aime au contraire construire un rapport de fidélité avec le public. C’est pourquoi nous sommes également en résidence au Concertgebouw de Bruges, où nous donnons aussi chaque saison trois concerts.
 
Que pensez-vous de l’acoustique de l’Auditorium de Dijon ?
 
J.v.I. : Cette salle compte assurément parmi les meilleures d’Europe. Nous avons déjà donné des concerts avec Anima Eterna en grand effectif symphonique et, au pianoforte, j’ai accompagné le chanteur Thomas Bauer dans Le Voyage d’hiver de Schubert, où sa voix était proche du soupir. Dans ces deux cas extrêmes, on entend tous les détails : l’acoustique est toujours réaliste. A Bruges, nous avons aussi la chance de donner des concerts dans une salle excellente, le Concertgebouw, construit en 2002. En matière de salle de concert, on est, comme on dit en Belgique, « tombé dans du beurre » !
 
Quels sont vos prochains programmes à Dijon ?
 
J.v.I. : En mai, nous allons donner un concert consacré à Poulenc, Gershwin et Ravel. En octobre, nous confronterons Wagner et Liszt. Et en février de l’année prochaine seront réunis Debussy et Ravel. Je trouve passionnant de retrouver le son de l’orchestre pour ce répertoire français. Nous sommes loin des sonorités standardisées en vogue aujourd’hui. En France, on a tendance à parler de « baroqueux » et à associer les instruments anciens à la seule musique baroque. Or, le travail sur les instruments d’époque traverse les styles et les périodes. Il y a eu une évolution permanente des sonorités.
 
Quelle est la philosophie d’Anima Eterna ?
 
J.v.I. : Nous cherchons à jouer les pièces de façon à ce que, si le compositeur se trouvait dans la salle, il pût au moins reconnaître la partition ! Et si c’est possible, qu’il aimât notre exécution… Nous utilisons les instruments les plus appropriés, mais nous travaillons aussi sur les tempi, l’articulation, de façon à être le plus fidèles possible au compositeur. Pour moi, quand Wilhelm Furtwängler dirige Beethoven, il se trompe en jouant, par exemple, le mouvement lent de la Neuvième symphonie trois fois plus lent que ne l’indique Beethoven. C’est comme un tableau du Caravage qui aurait quatre couches de vernis. On ne voit alors plus l’original !
 
Propos recueillis par Antoine Pecqueur


 
Programme Lisztavec Thomas Bauer, baryton et Pascal Amoyel, piano :
Jeudi 20 octobre 2011 à 20h
 
Programme Debussy-Ravel avec Karina Gauvin, soprano :
Mercredi 8 février 2012 à 20h
Requiem de Mozart avec Collegium Vocale de Gent :
Dimanche 13 mai 2012 à 15h

A propos de l'événement



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