La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Joël Pommerat

Joël Pommerat - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 septembre 2011

A l’abri dans la maison des autres

Artiste associé à l’Odéon pour la deuxième saison, Joël Pommerat y reprend ses deux précédents spectacles et y crée à nouveau pour les enfants autour de la question du deuil, avec Cendrillon.

Pourquoi à nouveau un spectacle pour les enfants ?
Joël Pommerat : Je ne serais pas forcément revenu si vite vers les enfants car j’avais peur de l’aspect récurrent, de l’impression de spécialisation. Mais mon association avec le Théâtre National de Bruxelles, qui m’a invité à imaginer un nouveau projet, m’a fait un peu devancer le désir que j’avais de refaire un spectacle pour enfants. J’étais allé vers les deux pulsions les plus fortes avec Le petit Chaperon rouge et Pinocchio. J’ai cherché l’histoire qui me travaillait le plus après celles-là. Je n’ai pas envie d’écrire pour les enfants en partant d’une idée originale, et j’ai beaucoup de plaisir à repartir des contes. C’est intéressant de jouer avec l’attente des enfants, de leur mettre un peu la tête à l’envers, de les entraîner vers des pistes qu’ils croient connaître pour leur faire voir d’autres perspectives. ça fait partie de mon désir de création de désorienter, d’ouvrir des perceptions, des sensations nouvelles : je crois que c’est vraiment la mission de l’art et particulièrement du théâtre de faire naître des paysages et des points de vue.
 
Pourquoi Cendrillon ?
J. P. : Je suis venu à Cendrillon quand j’ai cru comprendre que cette histoire était une histoire sur le deuil. Le prince charmant n’est qu’une manière de parler du désir en opposition avec son absence ou sa mort. Je revendique le droit de mal interpréter mais j’ai ressenti que cette histoire est celle d’une très jeune fille, qui, à la suite de la mort de sa mère, se trouve confrontée à une nouvelle famille. Dans sa version, Perrault n’insiste pas, mais cette mort plane comme une ombre. C’est un peu plus apparent chez les frères Grimm. Quand on considère les choses de cette manière, on a l’impression que tout se détermine dans ce rapport-là. Le nom de l’héroïne en porte d’ailleurs la trace. Cendrillon : même les cendres sont liées à cette question. Cela m’a donné envie de me questionner avec les enfants sur cette question du deuil et de la mort.
 
Quel est le sens de votre installation à l’Odéon ?
J. P. : C’est un projet qui correspond à ma façon de travailler. Je n’ai pas envie de postuler à la direction d’un théâtre, et je me sens très bien dans cette position de coucou, à l’abri dans la maison des autres. J’ai besoin d’un soutien, y compris financier, sur la durée, d’au moins trois ans de fidélité pour une création par an, de pouvoir répéter longtemps dans le lieu. L’Odéon m’a proposé ces conditions. Olivier soutient mon travail depuis bien avant sa venue à l’Odéon. Il fait partie des gens qui ont permis que je monte mes projets depuis dix ans. Ma présence à l’Odéon va dans le sens d’une relation continuée.
Propos recueillis par Catherine Robert


 
Cendrillon, d’après le conte populaire, écrit et
mis en scène par Joël Pommerat. Du 5 novembre
au 25 décembre 2011.
Cercles / Fictions, écrit et mis en scène par Joël Pommerat. Du 23 mai au 3 juin 2012.
Ma chambre froide, écrit et mis en scène par
Joël Pommerat. Du 7 au 24 juin 2012.

A propos de l'événement



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