Jack-Henri Soumère

La programmation de la saison 2007-2008 de l’Opéra de Massy alterne danse, théâtre, opéra, variété et concert symphonique. Comment s’articule cette diversité de spectacles ?

Jack-Henri Soumère : La vocation de l’Opéra de Massy est avant tout lyrique et une grande partie de notre énergie est vouée à produire des spectacles apportant du savoir dans notre cité. Nous sommes un Opéra « autrement », un Opéra de proximité où se croisent toutes les formes de spectacles. Cette saison sera marquée par une coproduction d’Aïda avec le Théâtre Hélikon de Moscou. Mais le morceau de choix sera une production nouvelle de La Pie Voleuse de Rossini. Un grand rendez-vous à ne pas manquer !

Quel public visez-vous ?

J.-H.S. : Notre public, nous l’avons fidélisé. Il n’y avait que très peu de mélomanes dans nos cités. Nous leur avons donné le goût de l’opéra et c’est presque notre plus grande fierté de voir aujourd’hui des jeunes et des moins jeunes venir à l’opéra, grâce à notre action artistique mais aussi pédagogique. Nous sommes d’ailleurs victimes de notre succès. Il nous manque les moyens que devrait nous donner le Ministère de la Culture, pratiquement absent de notre travail. Nous avons de grands espoirs avec l’écoute attentive de notre action par le nouveau gouvernement.

Développer un opéra en banlieue correspond-il à un geste social ?

J.-H.S. : Notre implantation géographique est assez singulière puisque nous sommes situés en plein cœur de la cité. Plusieurs projets d’actions culturelles nous ont prouvé à quel point les jeunes sont émerveillés et enchantés de leur découverte du monde lyrique, à travers une découverte globale d’un lieu de spectacle vivant. Je suis personnellement très sensible au projet francilien d’intégration républicaine des jeunes de quartiers dits « sensibles ».

« Mon plus grand souhait serait que notre maison soit reconnue Opéra de la Région Ile-de-France. »

Quel partenariat tissez-vous avec les autres structures culturelles d’Ile-de-France ?

J.-H.S. : Nous avons la chance d’avoir établi un partenariat d’échanges de spectacles avec le centre culturel Boris Vian aux Ulis, ainsi qu’avec le Théâtre de l’Agora à Evry. Par ce biais, les spectateurs de chaque salle peuvent assister de manière facilitée à des spectacles des salles partenaires. Cela nous permet de faire vivre la culture en Ile-de-France, de créer des ponts entre les différents organismes culturels, et donc d’ouvrir le public à une plus grande curiosité.

Quel soutien attendez-vous aujourd’hui des responsables politiques ?

J.-H.S. : Mon plus grand souhait serait que notre maison soit reconnue « Opéra de la Région Ile-de-France ». Nous réunissons tous les critères de sélection pour être homologué « Opéra de Région », et pourtant, certains leviers politiques restent bloqués. Cela nous permettrait de recevoir plus de subventions, et de donner plus de spectacles. Par bonheur, la ville de Massy nous offre un soutien sans faille, ainsi que le Conseil Régional, qui nous permet d’ouvrir nos répétitions générales aux lycées d’Ile-de-France, sans oublier le Conseil Général pour son aide et son écoute. J’aimerais par contre que la Direction des Affaires Culturelles d’Ile-de-France nous soutienne de façon plus probante…

Propos recueillis par Antoine Pecqueur