Théâtre-Studio d’Alfortville : les élans de la découverte
Fondé en 1997, par Christian Benedetti, le [...]
A la tête d’une troupe de treize interprètes, Christian Benedetti signe une mise en scène enjouée d’Ivanov. Pour mieux faire surgir le trouble et la violence de la pièce de Tchekhov.
Les gestes des comédiens sont engagés, leurs déplacements alertes, leurs phrases font galoper les mots. Comme c’était le cas dans La Mouette, Oncle Vania, Trois Sœurs et La Cerisaie, rien ici ne renvoie à l’atmosphère de langueur et de mélancolie qui prévaut dans certaines mises en scène des œuvres de Tchekhov. Christian Benedetti teinte même sa vision d’Ivanov (le metteur en scène cosigne avec Brigitte Barilley et Laurent Huon une nouvelle traduction de la pièce, jouée ici dans sa première version) des couleurs du burlesque. Ce texte traversé par l’effroi d’une histoire d’amour malheureuse, par la bassesse d’une société obnubilée par l’argent, par l’abattement d’un homme inadapté au monde dans lequel il vit, pourrait pourtant sombrer dans le spleen. Mais le directeur du Théâtre-Studio la dirige sur un tempo de vaudeville, faisant apparaître de manière d’autant plus criante les gouffres qui menacent ces hommes et ces femmes pris au piège de l’existence.
L’absurdité et le tragique de la condition humaine
Et pourtant on sourit, avant de se troubler, puis de se laisser happer par l’absurdité et le tragique de la condition humaine qui s’expriment, ici, à travers toute leur brusquerie. Devant un haut mur s’ouvrant et se transformant en machine à jouer, la belle troupe réunie par Christian Benedetti nous fait passer d’un ressenti à un autre en l’espace d’une réplique. Fidèle à la ligne directrice qui est la sienne depuis les débuts de son cycle Tchekhov, le metteur en scène évite tout forme de superflu. Il avance dans Ivanov de façon nette et droite, sans user de fioriture. Centré sur le sens des scènes, sur la pensée de l’auteur, cette proposition agit comme un rendez-vous avec soi-même. Un rendez-vous intime à l’occasion duquel s’éclairent, entremêlées, des zones de doutes, de craintes, mais aussi d’espérance.
M. P. S.
Du mercredi au samedi à 20h, le mardi à 19h. Représentation supplémentaire le dimanche 25 novembre à 16h. Spectacle vu le 19 octobre 2018 à l’Espace Marcel-Carné de Saint-Michel-sur-Orge. Durée de la représentation : 1h55. Tél. : 01 53 05 19 19. www.athenee-theatre.com
Théâtre-Studio,
16 rue Marcelin-Berthelot, 94140 Alfortville.
Tél. : 01 43 76 86 56. www.theatre-studio.com