La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Guillaume Hasson

Guillaume Hasson - Critique sortie Théâtre
Guillaume Hasson

Publié le 10 janvier 2008

Revenir à la main qui écrit

Directeur artistique des Théâtrales Charles Dullin depuis 2003, Guillaume Hasson, entre réflexion et invention, veut faire du Val-de-Marne le terrain d’implantation du rhizome théâtral contemporain.

Quelles évolutions depuis votre arrivée à la tête de cette manifestation ?

Guillaume Hasson :
Nous avons resserré ses critères de programmation. Au début, je refusais les auteurs étrangers, difficiles à faire venir sur place. Mais j’ai changé d’avis sur ce point et la fréquentation des scènes étrangères, notamment en Angleterre où l’auteur est au cœur du processus de création, me fait croire que nous avons beaucoup à apprendre d’elles. C ‘est pourquoi j’aimerais aussi désormais donner plus de dynamisme aux Théâtrales en y faisant venir des spectacles étrangers inédits. Il faut redonner à l’auteur la possibilité d’un lien fort avec la mise en scène. « Il faut revenir à la main qui écrit. », disait Blanchot.
 
D’où le projet d’accueillir quatre auteurs en résidence sur le territoire du Val-de-Marne.

G.H. :
En effet. Aziz Chouaki, Mohamed Kacimi, Anne-Marie Kraemer, et pour la première fois un auteur étranger, Oladipo Agboluaje, Anglais d’origine nigérienne, sont invités à travailler sur la thématique « étrange étranger ». Leurs textes seront mis en espace par Bruno Geslin et Adel Hakim. Les auteurs doivent recevoir des témoins racontant une anecdote en regard avec un étranger. L’auteur devient alors un écrivain public aidant à la rédaction d’une lettre à cet étranger. A partir de toutes ces lettres, très librement, les écrivains doivent ensuite écrire une pièce de vingt minutes, mise en espace par les deux metteurs en scène. Cela oblige ces derniers à travailler sur des textes d’auteurs qu’ils n’ont pas choisis et donc à être très proches du texte et pas seulement de leurs propres fantasmes théâtraux. Cela oblige aussi l’auteur à ne pas partir de sa propre fantasmagorie, à écouter et à témoigner pour les gens. C’est une façon aussi de rencontrer un territoire, de lui donner une couleur et de faire comprendre au public que l’auteur n’est pas un être imaginaire mais un travailleur comme un autre, dont la fonction est centrale.
 
« Le théâtre contemporain est le lieu privilégié de la réflexion sur le monde actuel. »
 
En plus de la place de l’auteur, vous voulez aussi repenser celle du spectateur.

G.H. :
Nous voulons redonner au spectateur une place créatrice. D’où l’initiative des colporteurs qui vise à remettre en mouvement les publics autour de la création. On a affaire à des publics consignés dans leurs propres lieux. Or notre festival a lieu sur tout un département. Comment faire pour donner un sens à la présence de ces spectateurs ? D’abord en les faisant bouger. Nous avons contacté des associations et des particuliers et leur avons proposé de leur offrir trois entrées au spectacle en leur demandant d’aller en voir d’autres et de faire la publicité de ce qu’ils ont vu. Nous ferons le bilan de cette expérience en aval, et, en amont, nous organisons un forum où ces colporteurs vont s’interroger sur ce qu’ils espèrent et attendent du théâtre contemporain. Les gens sont vraiment en demande de ce genre de rencontre qui dépasse largement la pratique culturelle. Le théâtre contemporain est le lieu privilégié de la réflexion sur le monde actuel car il l’interroge en ayant quelques longueurs d’avance sur la conscience de son temps, aidant ainsi chacun à éclairer son parcours personnel, social et politique, aidant chacun à mieux se regarder.
Propos recueillis par Catherine Robert


A propos de l'événement



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