La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -164-sartrouville

Gilles Granouillet, auteur

Gilles Granouillet, auteur - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 janvier 2009

L’humour pour révéler une humanité blessée

Zoom explore avec humour la relation difficile d’une mère et de son fils adolescent.

Existe-t-il, selon vous, une écriture spécifiquement destinée aux adolescents ?
Gilles Granouillet : C’est la première question que je me suis posée lorsque François Rancillac m’a parlé de ce projet destiné à des élèves de 13 à 15 ans. Je me suis demandé si l’on devait envisager un théâtre particulier pour eux. Pour les enfants plus jeunes, je le concevais très bien, mais pour des adolescents de cet âge, je n’en étais pas sûr. J’ai donc pris la décision de partir de quelque chose qui était proche de leur univers familier, répondant ainsi à la commande davantage par le sujet que par la forme. Car, finalement, j’ai écrit Zoom en essayant de servir mon propos sans vraiment me dire que j’étais en train de créer un texte pour adolescents.
 
Quel a été votre point de départ thématique ?
G. Gr. : J’ai voulucréer un personnage de mère prenant la parole le jour de la réunion des parents d’élèves. A travers elle, se dessine le parcours mouvementé d’un adolescent difficile, mais aussi le rapport complexe qu’un fils peut entretenir avec sa mère. Je pense avoir imaginé quelque chose d’assez rocambolesque et probablement d’assez drôle. J’espère vraiment que les collégiens seront sensibles aux aspects drolatiques de ce texte.
 
« Le parcours mouvementé d’un adolescent difficile, mais aussi le rapport complexe qu’un fils peut entretenir avec sa mère. »
 
Sur quoi reposent ces ressorts humoristiques ?
G. Gr. : Essentiellement sur la personnalité de cette mère un peu borderline. Il s’agit d’une femme qui se trompe, avec générosité, mais qui se trompe, d’une femme anonyme qui souhaite une autre vie pour son enfant. Elle croit construire l’avenir de son fils à travers ce qui lui a manqué à elle. Ainsi, son enfant ayant été conçu dans une salle de cinéma, elle s’imagine lui reconnaître un don artistique. Cette mère va très loin pour inventer le destin de son garçon, ce qui révèle de sa part une solitude et une désarroi profonds. Tout cela m’apparaît à la fois cocasse et assez pathétique. J’aime beaucoup écrire des pièces qui jouent sur l’humour pour révéler une humanité blessée.
 
Vous êtes auteur associé à la Comédie de Saint-Etienne. Quel sens donnez-vous à cette collaboration ?
G. Gr. : Je trouve essentiel qu’il y ait des auteurs dans les théâtres. Je suis d’ailleurs toujours surpris de m’apercevoir qu’il y en ait si peu. Finalement, les théâtres font vivre toutes sortes de personnes : les metteurs en scène, les administratifs, les techniciens, les comédiens… Pourquoi celui qui crée le texte, qui pose la première pierre de ce qui deviendra la représentation, est-il aussi souvent absent de la “maison-théâtre” ? Je trouve cela étrange.
 
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat


 
Odyssées en Yvelines dans plus de 70 communes, du 26 janvier au 11 avril 2009. Informations et réservations au Le Centre Dramatique National de Sartrouville, place Jacques Brel à Sartrouville, 01 30 86 77 79. A signaler : Harry et Sam (ou l’Art de la chute) le 31 janvier à 16h et 20h30 à l’Espace Gérard-Philipe. Les vilains petits canards le 9 février à 20h30 au Théâtre.

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