La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Claire Truche, metteur en scène

Claire Truche, metteur en scène - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 janvier 2009

Une difficile confrontation aux autres

Claire Truche met en scène le texte de Rémi Rauzier en privilégiant le foisonnement des mots à celui des moyens scéniques : un spectacle grave et pourtant léger comme une plume !

C’est la Nième compagnie tout entière qui s’empare de cette « affaire canard »…
Claire Truche : Nous sommes deux metteurs en scène dans la compagnie : Jean-Philippe Salério et moi. Jean-Philippe joue cette fois-ci et je mets en scène. Egalement sur scène, Christine Joly et Aurélien Serre. Rémi Rauzier a souvent travaillé avec nous en tant que comédien et c’est la troisième fois que nous collaborons avec lui en tant qu’auteur. Nous avons choisi cette « affaire canard » car ce conte nous a tous les trois beaucoup marqués étant enfants. Rémi est d’ailleurs parti des souvenirs douloureux que nous évoquait ce conte.
 
Comment avez-vous travaillé avec Rémi Rauzier ?
C. T. : J’aime la vivacité de son écriture, qui me convient car elle me permet de travailler avec l’énergie des comédiens. Me plaît beaucoup aussi le passage d’un univers à un autre, un peu comme dans un livre d’images. J’aime beaucoup travailler avec Rémi car il nous permet d’intervenir au fur et à mesure de l’écriture et j’apprécie qu’on laisse ainsi mûrir les choses, sans les arrêter d’avance. Enfin, j’aime son travail sur la langue et la manière dont il établit que l’incompréhension entre les êtres passe aussi par la langue. Son écriture équilibre harmonieusement l’humour, la vitalité et la poésie.
 
 « Faire des choses simples avec des idées compliquées, c’est justement ce que j’aime au théâtre ! »
 
Quels choix scénographiques avez-vous faits ?
C. T. : Nous ne jouerons pas des changements de décors. L’espace est toujours le même, comme une île au milieu du vide, le vide étant cet ailleurs sur lequel le vilain petit canard ne cesse de s’interroger en demandant ce qu’il y a au-delà de son monde. Cette île est la matrice, l’œuf ; l’extérieur, ce sont les autres à qui il faut se confronter : pour les vilains petits canards, c’est justement là où ça blesse ! J’imagine cette île faite de gros oreillers sous lesquels se cacher, se protéger, contre lesquels se cogner aussi, au milieu desquels hurler en les mordant. L’élément plume me plaît et m’inspire beaucoup.
 
Comment vous y prenez-vous pour évoquer la cruauté à l’œuvre dans cette histoire ?
C. T. : J’essaie de me replonger dans des sensations anciennes mais cherche aussi partout des images à convoquer : telle est la tâche du metteur en scène en général ! Les idées que porte ce spectacle ne sont pas simples et peuvent sembler très cruelles, et pourtant, dans tout spectacle et peut-être davantage encore dans un spectacle pour enfants, il faut tâcher d’être limpide quand on invente des images. Or, faire des choses simples avec des idées compliquées, c’est justement ce que j’aime au théâtre et ce que j’ai l’habitude de faire, en présentant les choses de la manière la plus accessible possible. Je travaille beaucoup habituellement sur les écritures réputées complexes, sociologiques, ethnologiques, en faisant le pari de rendre leurs idées théâtrales et légères. Et justement, dans ce spectacle, même si le thème est cruel, il faut de la légèreté !
 

Propos recueillis par Catherine Robert


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