La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -171-sartrouville

François Cervantes

François Cervantes - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 octobre 2009

Compagnon de route

François Cervantes et ceux de L’Entreprise sont installés à la Friche La Belle de Mai à Marseille depuis 2004. Compagnons de route du Théâtre de Sartrouville, ils s’y produisent depuis trois saisons.

Quelle est l’histoire de votre compagnonnage avec Sartrouville ?
François Cervantes : Quand nous nous sommes rencontrés avec Laurent Fréchuret, nous étions déjà installés à la Friche pour tenter une aventure longue, creusant la relation avec le public afin que les gens fassent connaissance avec notre travail par une création puis une autre, découvrant et rencontrant les acteurs en même temps. Laurent Fréchuret a instauré des relations de fidélité avec nous et fait ce même pari de la durée. Le public de Sartrouville a adopté notre troupe petit à petit.
 
Qu’a changé votre installation à la Friche dans votre travail ?
F. C. : Concrètement, depuis notre installation à la Friche, l’ensemble du travail de création dure deux ans. La permanence de la troupe permet un travail plus intense et des relations plus naturelles au jour le jour dans le travail. Les spectateurs voient les comédiens plusieurs fois, ils ont autant de plaisir à retrouver la personne que le personnage et font moins la confusion entre les deux. Cela aide les acteurs à travailler car le regard du public est plus aiguisé et son écoute influe sur le sens de la pièce.
 
« L’acte même de création est lié à la relation à l’autre. »
 
Vous interrogez justement le travail à plusieurs dans Le dernier Quatuor d’un homme sourd.
F. C. : C’est un spectacle que je suis parti écrire à Montréal. Je me demandais si on pouvait travailler avec l’autre, faire grandir les exigences qu’on a avec lui. Le quatuor est une formation où chacun doit se soumettre au travail d’ensemble, comme une espèce d’ascèse. Quand j’ai commencé à écrire, j’avais l’idée que l’autre est un empêchement. Désormais, il est plus clair qu’il est une révélation. L’acte même de création est lié à la relation à l’autre. Même quand on est seul dans la création – et dans l’écriture on est seul – la question de l’adresse est essentielle. Paradoxalement, c’est quand on descend au fond de soi, dans des espaces qu’on croit de solitude, qu’on trouve les autres alors que quand on sort pour trouver les autres, souvent on trouve la solitude. L’acte artistique vient de ce creuset-là. Ce spectacle parle des rapports entre l’art et la vie, des périodes de crise qu’on traverse et du rapport à l’autre dans ces moments-là.
 
Comment concilier la solitude de l’écrivain et le travail de troupe ?
F. C. : Au début, j’hésitais entre une vie d’auteur et la vie mouvementée avec les autres que j’ai choisie, en compagnie. Maintenant ça s’éclaircit. Créer une compagnie permet de labourer et de défricher des territoires avec des gens aux affinités très fortes et on a besoin de temps pour cela. Depuis deux ans, j’ai la sensation d’être un auteur travaillant avec des acteurs. La relation de confiance permet d’avoir des fatigues et des doutes ensemble. Cette nouvelle manière d’exercer nos métiers et nos échanges est une aventure passionnante à imaginer et à faire.
 
Propos recueillis par Catherine Robert


En compagnie de François Cervantes, du 5 au 21 mai 2010. Un Amour, mis en scène et interprété par Catherine Germain et Thierry Thieû Niang. Les 5 et 7 mai à 21h, le 6 à 19h30. La Table du fond, mise en scène François Cervantes. Du 10 au 12 mai à 21h. Le dernier Quatuor d’un homme sourd, de François Cervantes et Francine Ruel, mise en scène François Cervantes. Les 18, 19 et 21 mai à 21h ; le 20 à 19h30.

A propos de l'événement



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