La Terrasse

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FRANCK DIMECH

FRANCK DIMECH - Critique sortie Théâtre
« Un théâtre qui appelle une nouvelle idée de la représentation. » Franck Dimech

Publié le 10 septembre 2007

REGARD SUR LE COLONIALISME

SÉOUL, 1909, UN AN AVANT L’ANNEXION DE LA CORÉE PAR LE JAPON : LES SHINOZAKI, RICHES PAPETIERS JAPONAIS, VAQUENT À LEUR QUOTIDIEN BOURGEOIS. DIX ANS PLUS TARD, LA FAMILLE CONTINUE SES BAVARDAGES… AVEC GENS DE SÉOUL 1919, ORIZA HIRATA LAISSE AFFLEURER LES RAVAGES PERVERS DU COLONIALISME.

Que sont devenus les Gens de Séoul ?
Franck Dimech : On retrouve les enfants de cette famille de colons. Apparaissant autrefois comme des figures rebelles, ils sont devenus des notables repus. Le contexte aussi a changé. Depuis 1909, la Corée a été annexée. Hirata situe la pièce en 1919, le jour de l’insurrection des étudiants coréens contre l’occupant qui a été réprimée dans le sang. La rumeur des violences gronde à la porte… Les gens s’inquiètent, mais s’absorbent dans leurs occupations quotidiennes ou les souvenirs de leur pays lointain.

Qu’est-ce qui fait la singularité du style d’Hirata ?
F. D. :
C’est un théâtre de parole, très codifié, qui appelle une nouvelle idée de la représentation, loin des modèles d’une dramaturgie métaphorique qui domine encore chez nous. Hirata fait magnifiquement l’alchimie entre le Kyogen, pan comique du Nô, et la littérature occidentale. Le titre fait d’ailleurs référence au Gens de Dublin de Joyce. Son système d’écriture déroule des scènes en parallèle, emboîte des incises et développe une ligne mélodique

« Un théâtre qui appelle une nouvelle idée de la représentation.» Franck Dimech

fondée sur les onomatopées. Il crée une étrangeté, au double sens du terme.

Comment restituer la singularité de cette langue, sa musicalité notamment ?
F. D. :
La traductrice Rose-Marie Makino-Fayolle a cherché à rendre la dynamique sonore
de la langue, qui fait partie du code social. Elle a transcrit en français tout le vocabulaire réactif, propre à la société japonaise. Les dixhuit comédiens ont d’abord cherché à trouver leur voix dans ces lignes mélodiques, à jouer ensemble. Les personnages ne sont qu’esquissés. Il faut leur inventer une épaisseur sans tomber dans le piège de la psychologie. Hirata écrit pour le collectif, ce qui demande une approche très chorale, pour que, sur scène, un choeur humain advienne, qui donne corps à cette communauté.

Propos recueillis par Gwénola David


Gens de Séoul 1919, d’Oriza Hirata, mise en scène Franck Dimech. Du 28 septembre au 13 octobre 2007

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