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Eve Bonfanti et Yves Hunstad

Eve Bonfanti et Yves Hunstad - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 janvier 2010

Quand le théâtre se joue du théâtre

Comment vous êtes-vous rencontrés et comment la Fabrique Imaginaire est-elle née ?

Eve Bonfanti : Nous nous sommes rencontrés au Théâtre National de Belgique, dans un spectacle de Jo Dua. Chacun de notre côté, nous avions envie de ne pas entrer dans le système du théâtre conventionnel. Moi, j’avais commencé petite et j’avais ma dose des rôles qu’on assignait aux filles. Je n’avais pas l’impression d’une parole propre. Et Yves était très rétif à obéir aux conventions théâtrales. Nous nous sommes donc rencontrés dans ce désir de sortir des chemins balisés.
 
Pouvez-nous définir l’originalité de votre démarche ?
E. B. : Ce qui nous caractérise et qui nous intéresse, c’est la complexité des choses, la différence des points de vue : faire surgir qu’il n’y a pas une vérité, une histoire ou un point de vue mais plusieurs, celui des acteurs, des personnages, des auteurs, du public, des éclairagistes et à chaque fois des conceptions différentes de la vie. Tous ces éléments composent comme un kaléidoscope. C’est pour cela aussi que nos spectacles jouent avec le temps.
Yves Hunstad : Quant à la méthode, nous commençons à écrire un projet comme on se lance dans un voyage, dans la passion d’inventer quelque chose. Nous restons des artisans en dehors d’un système. Nous nous laissons le temps de construire, de comprendre ; nous laissons le temps à l’aléatoire de la scène. Un peu comme des scientifiques qui ne connaissent pas les choses qu’ils cherchent mais qu’ils vont pourtant trouver.
 
« Ce qui nous caractérise et qui nous intéresse, c’est la complexité des choses, la différence des points de vue. »
 
Pourquoi cette rétrospective de vos œuvres ?
Y. H. : C’est un désir né il y a deux ans. C’est dans cet esprit que nous avons repris La Tragédie comique que nous ne voulions plus jouer. Ces quatre spectacles représentent toute notre aventure d’écriture à deux. Ca fait des années que nous voyageons et nous avions envie de recentrer notre énergie pour pouvoir rencontrer humainement le public avec l’histoire d’une écriture. Nous avons construit une histoire très intime avec le public qui a l’impression de revenir nous voir comme on revient manger chez des amis !
E. B. : Aujourd’hui, nous devons faire des choix artistiques. Comme nous n’avons qu’une très faible subvention, nous gagnons notre vie grâce aux tournées. Nous sommes donc tout le temps sur les routes et nous n’avons plus le temps et l’espace pour créer. Nous avons besoin de nous poser quelque part et commençons à chercher une résidence dans un lieu avec lequel nous serions associés. Nous ne savons pas où. Ca peut être partout sur la planète mais pour pouvoir créer, il faut que nous n’ayons plus à faire les valises tous les deux jours ! C’est cela qu’Olivier Meyer a compris et par respect pour notre histoire commune avec lui, c’est chez lui qu’il nous fallait concrétiser en premier ce projet.
 
Y a-t-il une continuité entre tous vos spectacles ?
Y. H. : En les jouant, nous sentons la cohérence entre eux et c’est très beau ! Le public aussi le sent.
E. B. : Les trois premiers spectacles forment une trilogie et présentent des points de vue différents sur les mécanismes du théâtre. Le quatrième vient comme un éclatement cosmique après exploration de l’anthropologie du théâtre : il se consacre davantage à l’être humain dans le temps et l’espace. C’est comme si nous avions commencé par trouver le carburant théâtral et ensuite construit la fusée pour un voyage sans limites. Nous pourrions faire désormais un spectacle qui ne s’arrête jamais !

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