La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -172-sete

Yvon Tranchant

Yvon Tranchant - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 novembre 2009

La création au coeur de notre engagement

Directeur de la Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau depuis juillet 2003, Yvon Tranchant y mène à bien la mission de service public de sa maison avec la création artistique en fanal.

Comment définiriez-vous votre engagement à la tête de la Scène Nationale de Sète ?
Yvon Tranchant : La création d’un acte artistique est le cœur de notre engagement. Soutenir des artistes, ce n’est pas seulement accompagner un spectacle mais les aider à travailler et à produire. Aujourd’hui, du fait de l’évolution de l’économie de production des spectacles vivants, de plus en plus de Scènes Nationales s’investissent dans la création en couvrant toute la chaîne de production, du montage avec les artistes jusqu’à la création scénique, et en faisant tourner les spectacles. Jusqu’alors, seuls les CDN et les théâtres nationaux créaient et produisaient mais aujourd’hui, leurs réseaux ne suffisent plus et les scènes nationales sont appelées à jouer un rôle essentiel dans cette aventure.
 
Quelle est la vocation d’une Scène Nationale ?
Y. T. : Nos théâtres sont des lieux de service public et nous devons demeurer à l’écart de la marchandisation de l’art et de la culture. Notre travail, notre engagement, notre responsabilité nous obligent auprès des artistes. Les soixante-dix Scènes Nationales françaises ont une fonction généraliste de diffusion, de création et d’action culturelle. Il s’agit de conjuguer ces trois exigences en faisant en sorte d’élargir et de diversifier le public en développant le contact entre lui et les artistes. De plus, les Scènes Nationales ont une vocation pluridisciplinaire : musique, théâtre, danse, arts croisés, cirque de création. Nous devons donc traduire cette vocation en accueillant des spectacles traversant ces différents langages afin que le public soit invité à autant de différents voyages.
 
Dans quel réseau vous inscrivez-vous ?
Y. T. : Nous sommes au croisement d’une multitude de réseaux, ce qui nous permet d’élargir la diffusion. Fondamentalement, notre problématique relève de l’aménagement du territoire : les Scènes Nationales tissent un réseau sur le territoire des villes moyennes. Le fait d’être le lieu d’accueil de plusieurs langages artistiques nous permet aussi d’être en contact avec plusieurs réseaux, des Centres Dramatiques et des grands festivals aux toutes petites structures. Aux côtés des outils de production existants, les Scènes Nationales jouent donc un rôle majeur dans la circulation des œuvres : pas seulement pour des résidences ou des coproductions mais en allant au bout de la démarche fondamentale de création pour épouser l’évolution de l’art et de la culture.
 
« La création d’un acte artistique est le cœur de notre engagement. »
 
Comment travaillez-vous à produire des spectacles ?
Y. T. : Nous avons développé progressivement notre outil de production, ce qui a permis aussi à notre équipe de permanents de qualifier son travail. C’est là quelque chose de fondamental pour faire de la diffusion de qualité. J’aime bien mener des parcours avec des équipes artistiques en réinvitant des artistes de saison en saison. Cela permet la familiarisation des artistes diffusés avec l’équipe permanente et le public ainsi que la familiarisation de celui-ci avec une esthétique, une démarche, une écriture en évitant le zapping. Notre responsabilité nous engage à accueillir des choses pas toujours faciles, pas toujours consensuelles, à l’abri des effets de mode : il en va de l’enjeu d’un théâtre de service public ambitieux. C’est un énorme travail mais quand ça marche, et parce que ça marche, ça produit du sens !
 
Quels artistes choisissez-vous d’accueillir ?
Y. T. : Nous apportons notre soutien à des artistes et des compagnies qui ont des démarches très singulières. Alain Béhar, Denis Badault, Denis Charolles, Rodolphe Burger et tous les artistes que nous accueillons tirent leur démarche, leur vocation et leur grammaire de différents langages. Mais la force de leurs singularités et de leurs talents donnent une vraie cohérence à notre travail. Pour la partie diffusion de notre saison, j’accueille de plus en plus de spectacles crées sur la même saison. Il est toujours bon de proposer aux spectateurs des formes nouvelles de curiosité et d’appétence. Partager les risques de la découverte avec le public, c’est aussi aiguiser son appétit et élargir les subjectivités, ce qui redonne une forme et un sens à l’idée d’éducation populaire. En n’oubliant jamais qu’on fabrique toujours des spectacles par des gens et pour des gens !
 

Propos recueillis par Catherine Robert

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