Dans la Solitude des champs de coton
Roland Auzet met en scène la pièce de [...]
Wilfried Wendling est à la tête de La Muse en circuit depuis un an et demi. Il revient sur son projet pour cette structure.
Vous situez-vous en rupture ou dans la continuité vis-à-vis de votre prédécesseur, David Jisse, qui a dirigé La Muse en circuit de 1999 à 2013 ?
Wilfried Wendling : C’est un équilibre délicat entre les deux. Grâce à l’action accomplie par David Jisse, La Muse a toujours été un lieu éclectique, qui ne s’est jamais limité à une chapelle musicale. Cet esprit est essentiel, et nous le conservons. Je souhaite par contre développer le lien avec le spectacle vivant, en particulier par la prise de production déléguée, comme nous le faisons sur le projet de Roland Auzet. La transdisciplinarité me tient particulièrement à cœur : il faut mêler La Muse aux mondes du théâtre et de la danse. Cette orientation va aussi dans le sens de l’élargissement du public.
Souhaitez-vous gommer l’image techniciste associée aux centres de création musicale ?
W.W. : Nous ne devons pas être enfermés dans des questions techniques stériles. Ce n’est pas parce qu’on invente un nouveau logiciel que cela va nous permettre de faire de l’art. La danse et le théâtre ne sont d’ailleurs pas confinés dans ces questionnements. Ce qui me préoccupe le plus, c’est la recherche musicale, et défendre plus que jamais un esprit de liberté face aux musiques formatées.
Comment voyez-vous la place de La Muse en Ile-de-France ?
W.W. : L’enjeu politique est primordial. Les musiciens se posent d’ailleurs de plus en plus la question de l’endroit dans lequel ils se trouvent, et du contexte dans lequel ils créent. La Muse est implantée à Alfortville, où nous menons des actions locales, notamment dans le cadre de la réforme du temps scolaire. Nous avons par ailleurs la chance de collaborer avec un établissement voisin, le Théâtre-Studio de Christian Benedetti. En parallèle, nous travaillons avec les grands opérateurs parisiens, comme le Carreau du Temple ou les Bouffes du Nord.
Les concerts sous casque, spécialité de La Muse, vont-ils se poursuivre ?
W.W. : Ils vont même se développer avec une nouvelle technologie de casque HF. L’écoute au casque est plus précise que tout système de haut-parleur. Mais surtout, c’est une écoute démocratique : tout le monde entend la même chose. Les spectateurs ont l’impression que le musicien ne joue que pour eux.
Quel regard portez-vous sur la situation des centres de création musicale ? Êtes-vous inquiet depuis la disparition du centre de Bourges en 2011 ?
W.W. : La situation des centres reflète celle de la création. Les crédits se raréfient, et une certaine forme de démagogie culturelle s’installe. La création est le parent pauvre de la musique. Nous sommes aussi confrontés à la question du territoire, et nous allons être exposés à la disparition des départements, à la création des méga-régions. Dans ce contexte, nous devons inventer de nouvelles solutions.
Quel développement à moyen et long terme envisagez-vous pour La Muse ?
W.W. : La question du spectacle vivant va continuer à être au cœur de nos préoccupations. Il faut imaginer la place de La Muse dans des projets d’opéra, de théâtre musical… Pour autant, j’aime aussi pouvoir me laisser la liberté de proposer une programmation à court terme, par trimestre.
Propos recueillis par Antoine Pecqueur
La Muse en circuit
18 rue Marcelin Berthelot
94140 Alfortville
Tél. : 01 43 78 80 80
Tél. : 01 43 78 80 80