La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -224-Les Gémeaux, Scène nationale Sceaux

Entretien / Giorgio Barberio Corsetti

Entretien / Giorgio Barberio Corsetti - Critique sortie Théâtre Sceaux Les Gémeaux - Scène Nationale
© Christophe Raynaud De Lage / Festival d’Avignon

Le Prince de Hombourg De Heinrich von Kleist / mes Giorgio Barberio Corsetti

Publié le 28 septembre 2014 - N° 224

Une traversée initiatique

Le cœur ou la loi ? La passion ou le devoir ? La responsabilité ou l’obéissance ? Dans Le Prince de Hombourg, pièce achevée quelques semaines avant de se tuer, à 34 ans, Kleist frotte les contraires, opposant à la discipline militaire la liberté séditieuse du rêve et la force du désir. Le metteur en scène italien Giorgio Barberio Corsetti dévoile, au revers de cette œuvre ultime, le cheminement initiatique qui mène vers la vie.

Quel sens donnez-vous à la tragédie du Prince de Hombourg, dessinée sur la toile d’un épisode célèbre de l’histoire allemande ?

Giorgio Barberio Corsetti : Kleist tisse son poème sur une fable simple : au cours de la bataille de Fehrbellin, qui opposa les Brandebourgeois aux Suédois en 1675, le Prince de Hombourg enfreint les ordres de son oncle, le Grand Electeur, mais remporte le combat. Malgré cette victoire, il est condamné à mort pour son indiscipline. Sur cette trame historique se dessine le récit d’une initiation cruelle, peut-être nécessaire pour accepter la vie réelle. Le prince, somnambule, vit dans l’univers parallèle des rêves et se confronte brutalement à la réalité lors de la campagne militaire. Il gagne mais en transgressant la loi, en se déréglant, en agissant selon son désir. Il doit accepter d’être coupable pour être touché par la grâce et intégré dans le monde adulte. Chaque passage de cette transformation alchimique, du palais au champ de bataille, de la prison au lieu d’exécution puis d’apothéose, est marqué par des symboles et des actes manqués, chutes, évanouissements… Autant de blancs de la conscience où se glissent alors d’autres forces. Cette pièce est parsemée d’énigmes, d’objets qui font le lien entre le songe et le réel. Elle laisse sourdre, derrière les apparences, l’ombre de mouvements secrets, impitoyables, connectés à l’inconscient.

« Cette pièce est parsemée d’énigmes, d’objets qui font le lien entre le songe et le réel. »

Comment, par la mise en scène, éclairer le mystère sans le percer donc détruire ce qui fait la force de l’œuvre ?

G. B. C. : La mise en scène cerne l’énigme, c’est au spectateur de donner sa propre résonance… Kleist nous fait voir l’histoire par le regard du Prince. Je cherche à déployer cet imaginaire qui peu à peu envahit l’espace et les autres, comme un voyage à travers les zones obscures qui nous habitent. Avant tout, la densité du sens passe par les acteurs, qui, en vivant pleinement l’expérience du poème, peuvent nous la faire partager. C’est Xavier Gallais qui incarne le Prince, parce que, de par sa physicalité, il a cette étonnante capacité de rendre concret les mots poétiques.

 

Entretien réalisé par Gwénola David

A propos de l'événement

Le Prince de Hombourg
du jeudi 5 février 2015 au samedi 14 février 2015
Les Gémeaux - Scène Nationale
49 Avenue Georges Clemenceau, 92330 Sceaux, France

Théâtre Les Gémeaux, Scène Nationale, 49, avenue Georges Clemenceau, 92 330 Sceaux. Spectacles du mardi au samedi à 20h45, le dimanche à 17h. Tél : 01 46 61 36 67. www.lesgemeaux.com

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