La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -213-Théâtre d’Arras et Hippodrome de Douai

Entretien Gilbert Langlois

Entretien Gilbert Langlois - Critique sortie Théâtre

Publié le 25 septembre 2013 - N° 213

Ensemble !

Gilbert Langlois est aux commandes de l’Hippodrome de Douai depuis 2006. Appelé en 2011 pour redresser la situation du Théâtre d’Arras, il dirige ces deux structures « en tandem », depuis 2012.

« Présenter le meilleur dans un lieu comme dans l’autre. »

Quelle est l’histoire de ce tandem théâtral que vous dirigez ?

Gilbert Langlois : Après une première année d’étude lors de la mission qui m’avait été confiée pour le théâtre d’Arras, dont le directeur était parti, j’ai travaillé à la construction de la saison 2012-2013. La troisième étape, en 2013-2014, est une saison  où on élabore un seul projet pour les deux lieux, sur un territoire élargi, à cheval sur le Nord et le Pas-de-Calais. Le questionnement à renouveler est celui du rapport au public. Celui-ci va de Douai à Arras, un peu moins d’Arras à Douai. Les temps d’expérimentation, avec la mise en place de navettes, ont permis de voir comment le public répondait à nos propositions. Cette période d’observation, intéressante et importante, nous a permis de travailler autrement sur l’accompagnement et l’accueil, afin d’être à même de développer des séries de représentations. Lorsqu’un spectacle se joue entre cinq et dix fois, cela impose une autre façon d’envisager l’information et la relation avec le public. Cela permet aussi de travailler autrement avec les compagnies. Des représentations plus nombreuses rendent plus facile la rencontre entre les artistes et le public. Nous mettons cela en place cette saison et le développerons davantage encore en 2014-2015. Le travail en commun permet aussi de mutualiser certaines tâches administratives, sans diminuer les effectifs tout en permettant l’échange d’expériences. L’idée fondamentale de ce projet en tandem était non pas de diminuer les équipes, mais de les réorganiser. L’Hippodrome est une scène nationale, le Théâtre d’Arras est une scène missionnée, conventionnée musique et théâtre, et il est question que le projet en tandem acquiert le label scène nationale. L’enjeu à venir est là.

Comment concevez-vous la complémentarité entre Arras et Douai ?

G. L. : Il est important de garder une même exigence et de présenter le meilleur dans un lieu comme dans l’autre. L’essentiel tient à la complémentarité des plateaux. Le grand plateau de l’Hippodrome permet d’accueillir les grandes formes de la danse ou du cirque. A Arras, le théâtre à l’italienne et la salle de musique peuvent accueillir d’autres formes. Il est à la fois très intéressant de travailler avec les contraintes des plateaux, et d’en avoir suffisamment à disposition pour permettre aux artistes de s’y poser et d’y travailler. Les deux lieux présentent toujours un plateau libre permettant l’accueil d’une compagnie en résidence. Nous continuerons de développer cette possibilité dans le cadre du pôle européen de production, de diffusion et d’accueil en résidence. Nous voulons inventer un temps de présentation de la création européenne, en offrant, à partir de 2014-2015, des cartes blanches aux grands artistes européens : ces focus seront des outils de diffusion et de création et marqueront chaque saison.

Dans quelle mesure le tandem entre Arras et Douai modifie-t-il le rapport au territoire ?

G. L. : Dans cette région, le développement de la métropole lilloise a absorbé un certain nombre d’institutions. L’idée de ce tandem, dans l’esprit de la dynamique à laquelle participe le Louvre à Lens, c’est que des villes comme Béthune, Arras, Douai, Cambrai, redéveloppent leur activité en repositionnant leurs territoires pour équilibrer le très fort pouvoir d’attraction de la métropole lilloise. Notons qu’il y a une dynamique assez particulière dans le Nord-Pas-de-Calais, puisque les lieux y travaillent facilement ensemble. La concertation, la circulation et la coproduction sont vraiment possibles, les publics se déplacent, et le partage des frais permet par exemple de faire venir des compagnies qui ne viendraient pas sinon.

Quelle est la couleur de votre prochaine saison ?

G. L. : On peut évidemment faire ressortir des thématiques, puisque nous accueillons des propositions qui portent un regard sur la liberté, l’amour, la mémoire, la guerre. Mais nous accueillons surtout des artistes engagés au plateau, et nos différents plateaux nous permettent d’être à des endroits très sensibles de transdisciplinarité, à l’écoute des nouveaux langages, au cœur de formes très nouvelles qui peuvent ouvrir à des nouveaux publics. Il est important que les publics se croisent, et la programmation doit le permettre, dans l’équilibre entre des formes plus facilement repérables et d’autres plus contemporaines. La dimension internationale est également très importante, puisqu’elle permet des rencontres, des coups de cœur, la découverte de nouvelles manières d’aborder les textes. Cette ouverture donne un souffle nouveau, à tous et même au directeur, puisque cela permet de se confronter à d’autres manières de travailler, de construire, de produire. Les artistes peuvent aussi, par ce biais, se croiser et confronter leurs esthétiques : voilà l’intérêt de construire les choses en réseau et avec l’international.

 

Propos recueillis par Catherine Robert

 

Théâtre d’Arras, 7, place du Théâtre, 62000 Arras. Tél. : 03 21 71 66 16. Hippodrome de Douai, place du Barlet, 59500 Douai. Tél. : 03 27 99 66 66.

Site : www.tandem-arrasdouai.eu

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