Didier Levallet

©Didier Levallet

Didier Levallet

Publié le 10 octobre 2007

Parvenez-vous à faire accepter l’idée d’une scène nationale portée par un projet « jazz » ?

Didier Levallet : Oui, le message passe. Mais que l’on ne s’y trompe pas : placer la musique et le jazz au cœur du projet d’une scène nationale reste un défi. Le public amateur de jazz ne fréquente pas naturellement ces lieux, plutôt orientés vers le théâtre, que continuent à privilégier la plupart de mes collègues. Enfin, contrairement à celui du théâtre, le public musical, communautariste, ne s’additionne pas. Mais malgré tout, le bilan est positif. Je persévère !

« Placer la musique et le jazz au cœur du projet d’une scène nationale reste un défi »

Très présente dans votre saison, la musique croise aussi souvent d’autres disciplines comme la danse ou le théâtre : un hasard de la saison ou un choix délibéré?

D. L. : Ces créations hybrides résultent surtout d’une volonté de fond : attirer un public plus large que celui sectorisé de la musique. Elles permettent aussi aux musiciens de dépasser le cadre du concert traditionnel pour développer une conscience de la scène et du public. Dans cette autre façon de programmer la musique, le nouveau cirque, réunion de plusieurs disciplines qui résout la contradiction entre spectacle familial et création, me paraît un bon compromis : un axe riche vers lequel je n’hésite pas à m’orienter.

Vous effectuez, en parallèle de la programmation « classique », un important développement culturel sur le terrain…

D. L. : Grâce aux cafés mélomanes, aux soirées gastronomiques, aux actions dans les vingt-neuf communes du pays de Montbéliard et à la création dans les quartiers de jardins musicaux, nous parvenons à toucher ce « non-public », qui ne vient pas spontanément dans les salles de spectacles. Derrière la vitrine de la programmation, s’effectue, sur le terrain, un travail de fourmi tout aussi essentiel à mes yeux.

Propos recueillis par Jean-Luc Caradec et Anne-Laure Lemancel