LES BEAUTES DE LA CULTURE ISLAMIQUE
Pique, cœur, carreau, trèfle. Le metteur en [...]
Focus -201-ODEON / THEATRE DE L’EUROPE
Quelque part dans les Alpes autrichiennes, la manipulation se joue de la séduction entre un contrebandier, sa femme et un chasseur alpin. Martin Kušej met en scène ce huis clos démoniaque.
Auteur de drames naturalistes et de poèmes en dialecte tyrolien, peu joué du fait de sa réputation d’écrivain régionaliste, Karl Schönherr fut pourtant salué et reconnu comme l’équivalent d’Arthur Schnitzler à l’aube du xxe siècle. Der Weibsteufel, considéré comme l’un de ses chefs-d’œuvre, a été souvent adapté au cinéma, mais fort peu présenté sur scène. C’est sans doute ce qui a fait le succès éclatant du spectacle de Martin Kušej à sa création, puisqu’il rendait à la lumière ce dramaturge injustement oublié. Au cœur du Tyrol, se joue la crise entre un contrebandier, sa femme et le chasseur alpin chargé d’arrêter le bandit. Le trafiquant pousse sa femme à séduire l’enquêteur, afin de faire échouer sa mission.
Dans la forêt monstrueuse des affects
Mais les affects simulés se révèlent bientôt brûlants et dévastateurs, et la femme manipulée finit par retourner la situation : « il faut chasser le diable par le diable », dit un proverbe tchèque… Martin Kušej arrache ce trio infernal au folklore autrichien et élève l’affrontement entre les protagonistes à la hauteur d’un mythe. La scénographie de Martin Zehetgruber inscrit l’action dans un enchevêtrement de troncs aux proportions colossales, évoquant « autant une forêt de montagne après l’avalanche que les ruines d’une lutte entre puissances titanesques ». Les trois interprètes, Birgit Minichmayr, Tobias Moretti et Werner Wölbern, font de leurs personnages de grands héros tragiques, et animent intensément ce conflit entre le calcul cyniquement rationnel et l’incalculable puissance de la passion.
Catherine Robert
Pique, cœur, carreau, trèfle. Le metteur en [...]