La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Daniel Benoin

Daniel Benoin - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 juin 2008

Couples en diptyque

Daniel Benoin propose un diptyque sur la dégradation du couple bourgeois avec Le nouveau Testament de Guitry et Faces de Cassavetes. Une analyse pointue des duos sentimentaux perdus.

Comment vous est venue l’idée de ce diptyque ?
Daniel Benoin : J’ai d’abord fait la traduction scénique de Festen de Vinteberg. J’ai poursuivi cette recherche scénographique avec Faces, le film de Cassavetes. Pour cette histoire de rupture sentimentale violente, j’ai imaginé une série de canapés multipliés à l’infini jusqu’à faire du lieu scène / salle une abstraction dans laquelle voisinent acteurs et spectateurs. La convivialité propre au salon conjugue situation privée et situation publique. Faces est un livret sonore de cris, de rires et de hurlements qui trouve ses marques dans cette proximité avec le public, ce qui m’a paru exactement convenir aux comédies bourgeoises des 19e et 20e siècles. L’idée d’un même décor de salon s’est naturellement imposée pour Le nouveau Testament de Guitry.
 
« La crise du couple, révélée au grand jour en 68, se prolonge jusqu’à nous. »
 
D’une pièce à l’autre, le thème de la rupture du couple est récurrent.
D. B. : Après sa rupture avec Yvonne Printemps, Sacha Guitry écrit des pièces désespérées sur le rapport amoureux en faillite. Il tourne Le nouveau Testament en 1936, la même année que Le Roman d’un tricheur. C’est l’époque de comédies pétillantes servies par le talent d’un acteur, Guitry lui-même pour le rôle masculin comme François Marthouret aujourd’hui qui incarne également le personnage de Faces. Je laisse Le nouveau Testament dans le contexte historique et social de l’avant Front populaire, projeté bien après la Seconde Guerre mondiale. Un médecin découvre l’infidélité de sa femme ; il disparaît, laissant une veste contenant un testament qui met à mal les certitudes privées et familiales. Le père revient, tout recommence dans l’hypocrisie, mais celui qui avait disparu décide de partir définitivement. Quant à Faces de Cassavetes, le marquage historique est plus atemporel ; la crise du couple, révélée au grand jour en 68, se prolonge jusqu’à nous. L’homme qui devait tout quitter pour une femme libre revient vers son épouse infidèle car il est incapable d’entrer dans une nouvelle histoire amoureuse.
 
Propos recueillis par Véronique Hotte


Le Nouveau Testament, de Sacha Guitry ; mise en scène de Daniel Benoin. Du 18 mars au 5 avril 2009 à 21h ; le dimanche à 16h ; relâche le lundi. Faces, d’après le film de John Cassavetes ; traduction et adaptation de Linda Blanchet et de Daniel Benoin ; mise en scène de Daniel Benoin. Le 4 avril à 16h et du 7 au 11 avril 2009 à 21h.

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