La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -197-THÉÂTRE EN MAI

DAN ARTUS

DAN ARTUS - Critique sortie Théâtre
© D. R.

Publié le 10 avril 2012

« FAIRE DU THEATRE EN BANDE ET EN NOMBRE »

DAN ARTUS SIGNE LE TEXTE ET LA MISE EN SCENE DU PEUPLE D’ICARE. UNE CREATION QUI SE REAPPROPRIE DES FAITS ET DES FIGURES DE L’HISTOIRE COLLECTIVE EST-ALLEMANDE.

« Je vais clairement du côté de l’instinct, plutôt que de la raison. » Dan Artus
 
Vous avez l’habitude de travailler dans des lieux qui ne sont pas destinés à accueillir des créations de théâtre. Pourquoi ce choix ?
Dan Artus : Pour déborder du cadre. Les différentes versions du Peuple d’Icare que j’ai créées se sont jouées dans une ancienne usine EDF, ou dans le plus grand cinéma de Suisse, à Lausanne, un lieu totalement désaffecté… A Dijon, ce spectacle sera présenté dans un hangar. Tous ces lieux me font bien plus rêver que les boites noires des théâtres. J’y trouve un lien direct avec mon écriture. Car ma réalité est plus proche des murs délabrés que du rouge et du velours des théâtres. C’est aussi un moyen d’utiliser des lieux qui racontent déjà une histoire, et d’y superposer une autre. C’est la notion d’espace qui m’inspire, pas celle de décor. J’utilise l’argent de la production pour m’entourer d’une grosse équipe, autant technique qu’artistique (une vingtaine de personnes), plutôt que pour construire un gros décor. C’est une posture qui me semble importante : faire du théâtre en bande et en nombre.
 
Quelle est l’origine du Peuple d’Icare ?
D. A. : Cette pièce prend racine dans des faits historiques propres à Berlin. Parmi mes personnages, on trouve Werner Gladow, un petit gangster de 19 ans qui fut le premier citoyen exécuté par le régime Est-Allemand. Il y a aussi Heiner Müller, l’emblème de la littérature est-allemande, qui décida de ne pas passer à l’Ouest car son amie était enceinte. J’utilise aussi comme cadre un mouvement est-allemand qui a consisté à encourager les gens à se réunir en camps d’indiens, tout simplement parce que ce mode de vie représentait un symbole anti-américain, anti-capitaliste. Bien que cette pièce trouve son origine dans des personnages et une histoire très précis, elle n’est pourtant en rien une pièce historique. Elle présente tout simplement une communauté qui essaye de se réunir. Comme notre équipe de théâtre qui tente de cohabiter et de créer.
 
Quelles relations entretenez-vous avec les comédiens ?
D. A. : Les comédiens qui m’entourent viennent d’horizons très différents. Je réunis des gens que j’aime et je leur demande d’être, sur scène, ce qu’ils sont dans la vie. Du coup, on se met à explorer des territoires que je ne connais pas, mais que je pressens. Je vais clairement du côté de l’instinct, plutôt que de la raison.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat


 
Le Peuple d’Icare, texte et mise en scène de Dan Artus. Du 24 au 26 mai 2012.

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