Des lauréats de plus en plus visibles
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Focus -204-CENTRE NATIONAL DU THÉÂTRE
Un homme, une femme, deux paroles qui se succèdent, des mots d’amour et de rupture qui se font face. Le directeur du Théâtre de Gennevilliers a écrit Clôture de l’amour (Les Solitaires intempestifs) pour Audrey Bonnet et Stanislas Nordey. Un travail d’écriture sur les structures de langage et l’oralité.
« Je ne me considère pas comme un auteur dramatique. Je suis avant tout metteur en scène, j’écris pour les acteurs. Clôture de l’amour est un texte né à partir des corps de Stanislas Nordey et Audrey Bonnet, à partir de leurs voix, un texte inspiré par ces deux comédiens, issu d’un processus de création spécifique. J’essaie, dans mon travail, de ne pas faire de différence entre l’art et la vie, de créer des zones de porosité et de circulation entre ces deux champs d’expérience. Ce qui m’intéresse depuis toujours, ce sont les structures de langage, c’est la façon dont on pense, la trajectoire non linéaire que suit notre cerveau lorsque nous nous exprimons. Dans Clôture de l’amour, j’ai essayé de proposer un travail sur la langue parlée, de matérialiser la parole sous forme de texte.
Un écrivain de l’oralité
Je suis un écrivain de l’oralité. J’ai écrit Clôture de l’amour après un événement de ma vie personnelle, après une séparation. Pour autant, je ne considère pas ce texte comme un texte autobiographique, car il est également constitué de choses et de personnes que j’ai pu observer autour de moi. Un agrégat s’est formé à partir de différents éléments : mon histoire, mes plus proches amis, ainsi que tout ce qui est de l’ordre du travail, de l’écriture. Finalement, le sujet de ce texte n’est pas ce qui importe le plus. Il y a plusieurs milliers d’années, le théâtre et la philosophie ont montré que l’on pouvait s’opposer par la parole, ou par l’écrit, à ce qui était jusque-là tenu pour évident, naturel, coutumier. Quelque chose fait qu’opposer un homme et une femme sur un plateau, placer deux être humains l’un en face de l’autre sur une scène, c’est le début du théâtre, le début de la tragédie. Je crois que Clôture de l’amour se situe à cet endroit-là : à l’origine du conflit, l’origine de la contestation. »
Propos recueillis par M. P. S.