Adaptation au creuset du plateau
Chantal Morel adapte Les Possédés de Dostoïevski en accordant autant d’attention au texte qu’à son incarnation sur le plateau, guidée par l’idée que l’art est oubli de soi et chemin de réconciliation.
« Les Possédés est un livre à la fois compliqué et très simple qui traite des problèmes entre générations, de leur incapacité à partager le monde et de la valeur de leurs idéaux : les pères se réfugient dans la poésie alors que les fils se heurtent au monde à coups de poings. Le livre a constitué une espèce d’instance d’objectivité exigeant qu’on ne se noie ni dans sa propre singularité ni dans ce qu’on voulait y lire et qu’on retrouve au-delà quelque chose de cette communauté qu’est le théâtre : en cela, il a aussi été une instance de réconciliation. Théâtralement, j’avais grand appétit d’un plateau plein qui déborde de vie, de gens, de paroles. En adaptant le roman, j’avais l’ambition de rendre la narration fluide au spectateur. Avec les acteurs, nous avons arpenté les chemins de cette adaptation à même le plateau afin d’éviter le risque du surplomb et de la vision distanciée, ce qui a libéré l’énergie des acteurs devenus à la fois créateurs et interprètes de leur partition. »
Propos recueillis par Catherine Robert
Les Possédés, d’après Dostoïevski ; mise en scène de Chantal Morel. Du 27 novembre au 13 décembre 2009 à 17h30 ; le dimanche à 14h30.