Casimir et Caroline
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Publié le 10 juin 2009
Deux voix
Johann Simons questionne la démocratie et les relations de pouvoir au cœur du système capitaliste à travers deux mises en scène.
ZT Hollandia, la compagnie menée par le metteur en scène Johan Simons et le compositeur Paul Koek, explore les jointures de l’art et de la vie, creusant au cœur des hommes et démontant les mécanismes du pouvoir pour saisir la complexité du monde contemporain. Deux voix, qui mêle un texte de Pasolini à une déclaration de Cor Herkströter, ancien président de Shell, plonge ainsi dans les bas-fonds de l’univers des puissants et brosse la satire cuisante d’une haute société ivre d’elle-même et repue de cynisme. Seul parmi les reliefs d’un festin, le génial comédien Jeroen Willems se faufile entre les cinq personnages, passant du politicien tenu par la mafia à son assistant en charge des affaires secrètes, d’un philosophe désabusé à un travesti en lien avec l’épiscopat et à Cor Herkströter lui-même. Dans ce vertigineux jeu de rôle se noue une réflexion sur la responsabilité des multinationales et le capitalisme. Dans Casimir et Caroline, Johan Simons souligne aussi la critique de la marchandisation générale sur fond de dépression économique. « A travers les personnages, Horváth montre des déclassés mais aussi des puissants, qui tous font partie de la société. Il pose la question de l’égalité entre les hommes, devant la vie, la justice, le pouvoir, le bonheur, explique-t-il. L’égalité est revendiquée comme un principe constructif de la démocratie, un objectif affiché, alors qu’elle est constamment et de plus en plus battue en brèche dans les faits. Aujourd’hui, ce sujet, éminemment complexe, me semble essentiel. Que le théâtre se saisisse des paradoxes de la démocratie contemporaine est un devoir. »
Gwénola David
Casimir et Caroline, d’Ödön von Horváth. Du 2 au 7 octobre 2009 à 20h30 ; le dimanche à 16h. Deux voix, textes de Pier Paolo Pasolini et Cor Herkströter. Du 6 janvier au 14 février 2010 à 20h30 ; le dimanche à 15h30.