Chaillot Expérience #5 : Biennale d’art flamenco

Au cœur de l’hiver, Chaillot passe à l’heure sévillane et nous invite à vivre une ardente expérience flamenca qui se déploie à la fois sur et hors scène. L’excellent David Coria s’entoure pour Los Bailes Robados d’interprètes de haute volée comme Florencia Oz ou Paula Comitre. Chants, musique et danse deviennent un exutoire social dans cette création dont on a pu voir une ébauche bien plus que prometteuse au Théâtre de Nîmes. Elle aussi bailaora d’exception, Olga Pericet présente La Leona. Sa lionne est à la fois l’animal et une guitare-prototype d’Antonio De Torres, et toutes deux dialoguent dans un spectacle intime et sauvage.

L’art sévillan au sommet de sa créativité

Après l’infinie délicatesse d’Inicio (Uno) et la fougue d’Al Fondo Rieala (Lo Otro del Uno), Rocío Molina s’accompagne de Yerai Cortes pour Vuelta a Uno, le dernier volet de sa Trilogie pour guitares. Une occasion immanquable de revoir cette sublime artiste, l’une des rares capables de vous tirer des larmes de pure émotion. Enfant terrible et virtuose de la scène flamenca, Andrès Marin, enfin, s’interroge aux côtés du guitariste Pedro Barragán dans Recto y solo : « qu’en est-il du queer, du féminisme, de la construction du genre dans cette discipline souvent perçue comme traditionnelle » ? Et pour que la fiesta soit complète, performances, projections et conférences s’emparent de tous les espaces de Chaillot pour nous faire vivre au plus près l’art sévillan.

Delphine Baffour