La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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BLACKFACE

BLACKFACE - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 janvier 2010

LA TROUPE NEERLANDAISE GRIME LES CLICHES DE L’AMERIQUE SEGREGATIONNISTE DANS UNE PIECE MUSICALE JOYEUSEMENT INSOLENTE.

Orkater, soit « orkest » et « theater » fondus en un seul mot pour sceller l’alliage intime de la musique et du théâtre au cœur de la scène. Fondée dans les années 70 par une bande indisciplinée de jeunes musiciens, plasticiens et comédiens hollandais, la compagnie revendique toujours la liberté farouche et l’impertinence joyeuse en guise de mire programmatique. Aussi critique sur l’establishment du théâtre que sur la société établie, elle a bâti un répertoire non conforme au gré de productions. Créé en mars 2009, Blackface ne déroge pas à cette ligne de conduite. Orkater brode une pièce drôlement insolente sur la trame de Brasil, roman du grand écrivain américain John Updike. Les auteurs et metteurs en scène reprennent le fil de l’intrigue, tiré de la tragique légende de Tristan et Iseult : Tristao, jeune noir miséreux, rencontre Isabel, blanche de la riche bourgeoisie promise à un homme de son milieu. Liés par l’amour fou mais irrémédiablement séparés par leurs différences tatouées à même la peau, les amants s’enfuient et endurent la pauvreté, la faim et la violence… Déjouant le mélo larmoyant à coups de chansons bien relevées, Orkater déplace la fable dans l’Amérique ségrégationniste dont il manipule les clichés pour en montrer toute la poisseuse et tenace survivance. Les comédiens mènent l’histoire à bon train et détournent activement la tradition du « Blackface », théâtre populaire au xixe siècle où les Blancs se barbouillaient le visage pour moquer les Noirs. Entre cabaret et musical, folklore yankee, gospel, country et boniment de foire, la troupe s’amuse des stéréotypes et pointe le racisme profond, le désir muselé par les convenances, les hypocrisies sociales, les brutalités conjugales, le pouvoir de l’argent, la quête et la force de l’amour… Autant de réalités encore couramment incrustées dans le quotidien.         

 Gw. David


Blackface, d’après John Updike, mise en scène de Vincent van Warmerdam et Michel Sluysmans, les 4 et 5 février à 20h30, le 6 février à 19h et le 7 février à 17h30. Spectacle en néerlandais surtitré.

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