Bernard Cavanna, archéologue des émotions musicales

Créé en 2019 au T2G de Gennevilliers, le deuxième concerto pour violon de Bernard Cavanna présente la singularité d’être écrit pour quatre instruments, dont un quart de violon, avec chacun un accord différent. L’œuvre tente alors un retour vers l’accord originel, depuis le souvenir du Concerto pour la mémoire d’un ange dans le premier mouvement, In memoriam Berg, jusqu’aux Matchiche variations, à partir d’une mélodie populaire du début du XXe siècle chantée par Mayol, en passant par l’invasion de la cornemuse, qui sera confiée à Michaël Cozien, aux côtés de la mandoline de Florentino Calvo, et de sons techno, dans Pulsations. L’opus, pour lequel l’orchestration a été revue pour 17 instruments, résume l’esthétique du compositeur français, chez lequel la finesse de l’écriture se nourrit d’emprunts triviaux et populaires qu’elle transforme dans une narration ciselée. Cette exploration des traces qui se confond avec la quête de la beauté se retrouve dans les Geek bagatelles, miniatures à partir de bribes de la Neuvième Symphonie de Beethoven. On retrouvera à Metz le 28 mai Noémie Schindler et Léo Warynski, à la tête de Multilatérale et de son ensemble choral Les métaboles, en résidence à la Cité musicale, pour la création de la nouvelle version de Messe un jour ordinaire. Cette collision, jusqu’à la corrosion, entre le rituel liturgique et la parole d’une jeune toxicomane, illustre la subtilité perfectionniste de l’écriture de Bernard Cavanna.

Gilles Charlassier