La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -181-versailles

BENOIT DRATWICKI

Des musiques narratives

Compositeur de musiques pour le théâtre, le cinéma, les arts plastiques, Laurent Sellier est l’auteur de la partition musicale du Sang des amis.

Publié le 10 octobre 2010

LA DEFENSE D’UN REPERTOIRE MECONNU

VIOLONCELLISTE DE FORMATION ET SPECIALISTE DE LA MUSIQUE BAROQUE FRANÇAISE, BENOIT DRATWICKI EST LE DIRECTEUR ARTISTIQUE DU CMBV, DONT IL PRESENTE LA PROGRAMMATION DE LA SAISON 2010/2011.

« Neuf dixièmes des œuvres de Campra n’ont pas encore été joués. » Benoît Dratwicki
 
Pourquoi avoir choisi de mettre à l’honneur Campra ?
Benoît Dratwicki : En 1994, le CMBV avait déjà consacré des journées à Campra. Mais cet auteur reste peu connu : neuf dixièmes de ses œuvres n’ont pas encore été joués ! Il a été à la croisée des époques, en étant notamment actif pendant la Régence et sous Louis XV. Toutes ses œuvres ne sont pas forcément inspirées, mais il y a de vrais chefs-d’œuvre, comme la Messe des morts, Tancrède, certains grands motets. Le Carnaval de Venise que nous proposons est une vraie pépite, où se mélangent les styles italien et français. Les autres concerts offrent une mosaïque de l’œuvre de Campra, fruit de recherches importantes menées par le CMBV.
 
Pouvez-vous nous parler de Bellérophon de Lully qui sera donné en recréation…
B. D. : Dans ses premières tragédies lyriques, notamment Atys, Lully ne confie à l’orchestre que les danses, les airs étant accompagnés uniquement par le continuo. Plus tard, dans Roland par exemple, il donne un rôle bien plus important à l’orchestre, et les opéras deviennent plus psychologiques. Bellérophon est à la charnière entre ces deux manières de composer. Pour le livret de cet ouvrage, Lully ne s’est pas associé, comme il le faisait d’ordinaire, à Quinault, qui avait été exclu de la Cour. Il s’est appuyé sur un texte de Thomas Corneille, dont la versification a un côté quelque peu mondain. C’est peut-être ce qui a obligé Lully à faire encore davantage de musique…
 
Créez-vous des rapprochements entre le CMBV et le Centre de musique romantique française de Venise, dont vous êtes aussi le directeur artistique ?
B. D. : Les deux structures ont pour objet de travail le patrimoine musical français. Nous avons la même démarche, qui unit la recherche, l’édition, les concerts… Il y a donc une logique à travailler ensemble. Nous avons une partie de répertoire commune, qui concerne la fin du xviiie siècle. La recréation d’Amadis de Gaule de Jean-Chrétien Bach réunira les deux entités ainsi que l’Opéra Comique. Par contre, entre Saint-Saëns et Chambonnières, il n’y a évidemment rien à voir !
 
Quelles seront les thématiques des prochaines saisons du CMBV ?
B. D. : En 2011, nous nous consacrerons à Antoine Dauvergne, qui a fait le lien musical entre la mort de Rameau et l’arrivée de Gluck à Paris. En 2012, les grandes journées s’articuleront autour de la danse. En 2013, le thème sera Versailles et l’Europe, l’occasion de montrer comment la musique française a voyagé à travers le continent. Nous ferons quelques jeux de miroirs, par exemple entre Purcell et Lully, ou entre Leclair et Vivaldi. Nous en profiterons pour inviter différentes formations étrangères. En 2014, pour fêter l’anniversaire Rameau, nous donnerons à entendre les compositeurs qui ont œuvré en même temps que lui et qu’on ne connaît que trop peu : Francoeur, Mondonville, Destouches…

Propos recueillis par Antoine Pecqueur


Bellérophon de Lully : le 17 décembre à 20h30 à l’Opéra Royal, dirigé par Christophe Rousset.

A propos de l'événement



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