Amjad Ali Khan : rapprochement Est-Ouest

L’Orient musical s’est longtemps limité à un décor exotique, au mieux imitation de timbres et de rythmes. Les turqueries de l’Enlèvement au sérail réjouissaient alors – et réjouissent encore aujourd’hui – l’oreille du mélomane européen autant qu’elles le plongeaient dans un monde fleurant bon les mille et une nuits. Une dizaine d’année après l’opéra de Mozart, Haydn faisait à son tour usage de percussions « turques » (triangle, cymbales, et grosse caisse) pour donner une ampleur sonore et dramatique inusitée à quelques moments de sa Symphonie « militaire ».

Ce n’est pourtant qu’au xx^e siècle que les compositeurs s’intéressent vraiment aux horizons nouveaux que leur ouvrent les traditions musicales des continents lointains. À la suite de Ravi Shankar, qui popularise en Occident le son du sitar à partir des années cinquante, Amjad Ali Khan, virtuose du sarod (une sorte de luth), apporte au public d’Amérique du Nord puis d’Europe la connaissance de la musique classique d’Inde du Nord. Ces voyages l’ont depuis amené à composer aux frontières des deux traditions – indienne et européenne – des œuvres où le sarod voisine avec l’orchestre symphonique. C’est le cas de ce concerto intitulé Samaagam, qu’il donne avec l’Orchestre national d’Île-de-France dirigé par Kaspar Zehnder.