4m2 de Sylvain Groud

A l’apparition du COVID-19, Sylvain Groud avoue être passé par un moment de stupéfaction, avant de s’investir dans une réflexion commune réunissant l’Association des Centres Chorégraphiques Nationaux (ACCN), la Délégation à la danse du ministère de la Culture, les équipes du CND et de l’Opéra de Paris, ou la médecine du Travail. L’urgence fut alors de retrouver un public. Mais avec quel spectacle ? Les consignes sanitaires encore à l’œuvre en juillet ne permettaient pas de répéter sans distance de sécurité. Aussitôt, le voilà qui monte au créneau. En réaction au confinement, il crée 4m2, une pièce « coronacompatible » qui incorpore toutes les contraintes liées au virus. En s’emparant de cette expérience « traversée par un humain sur deux », il se place en ethnologue afin de débusquer où se loge la liberté, afin d’analyser cette épreuve inédite de l’espace-temps, de sa propre géographie et du lien au collectif. Puis il transmet toutes ses recherches à ses danseurs professionnels.

Une œuvre itinérante

Ainsi naît 4m2, une œuvre itinérante et adaptable, dans un dispositif semblable à un parcours muséal fléché, avec marquage au sol. L’ensemble se présente comme un labyrinthe dans lequel le public peut serpenter. Les dix danseurs, quant à eux, sont isolés dans des cages en plexiglas. La chorégraphie d’ensemble est, en quelque sorte, atomisée dans le mouvement de chacun des danseurs. C’est au spectateur de tisser des liens dans une expérience immersive qui fait écho au confinement. Chaque personne peut revivre le parcours plusieurs fois, ce qui permet d’appréhender la notion de composition chorégraphique au rythme des différents passages. Dans la même veine « coronacompatible », il a conçu Le spectacle de votre rue, une pièce déambulatoire pour trois danseurs et trois musiciens de la compagnie du Tire-Laine inspirée par les habitants. Il a également adapté Métamorphose, dont chaque tableau est repensé pour être joué in situ, ou le Bal Chorégraphique dans sa version « masqué, costumé, dansez ! ». Très inventive, la cheffe costumière du Ballet du Nord a imaginé des costumes extravagants imposant des distances de sécurité.

Agnès Izrine