A Roubaix la danse est partout !

Lorsqu’il était magnifique interprète chez Angelin Preljocaj déjà, Sylvain Groud aimait « descendre du plateau » pour aller danser au plus près des gens, « faire un détour par l’autre pour se rencontrer soi » précise-t-il, reprenant les mots d’Albert Jacquard. Aujourd’hui à la tête du Ballet du Nord, il a mis ce principe au centre de sa démarche. À Roubaix et dans les Hauts-de-France la danse s’invite partout, au cœur du quotidien. Que ce soit dans l’espace public, en milieu éducatif, hospitalier ou dans les entreprises, l’ambition est la même : approcher l’autre en l’intégrant au processus de création, lui faire comprendre que l’artiste qui lui fait face apprend de lui et avec lui. Puis tisser avec les institutions un lien qui s’inscrit dans la durée, pour qu’après le choc de la rencontre artistique, vienne le temps de la confiance et d’une connaissance plus intime de la chose chorégraphique. Ainsi pour le milieu scolaire, le Ballet du Nord organise les journées du spectateur. Il s’installe dans un établissement et reçoit des groupes d’élèves qui découvrent alors ce qu’est le métier de danseur, assistant à la répétition d’une pièce de répertoire ou à la recherche de mouvements pour une création, avant de s’essayer eux-mêmes à l’improvisation. En outre, si les interventions dans le monde carcéral démarreront prochainement, la compagnie roubaisienne a noué des relations étroites avec le milieu hospitalier. Fort d’une expérience de quinze ans dans ce domaine, Sylvain Groud passe aujourd’hui le relai à ses interprètes, pour que d’autres que lui puissent « prendre soin poétiquement » des soignés comme des soignants. Ce qui ne l’a pas empêché, dès le confinement levé, d’aller lui-même performer dans plusieurs EHPAD.

Des œuvres participatives

Les entreprises ne font pas exception puisque le Ballet du Nord leur propose un mécénat actif qui amène ses danseurs à s’immiscer au milieu de leurs employés sans crier gare, avant de se laisser démasquer par quelque pirouette, puis d’organiser des ateliers qui donneront lieu à la création d’une pièce participative comme l’Oubli. Quant à l’espace public, outre des impromptus, le CCN y intervient en proposant des bals chorégraphiques. Outils de démocratie culturelle par excellence, ils permettent de rencontrer associations et habitants, comme récemment pour fêter les sept ans de l’inscription du Bassin minier au Patrimoine mondial de L’Unesco. Danses polonaises, italiennes et maghrébines se sont alors mêlées pour rendre hommage aux hommes et femmes venus y travailler. Une belle façon d’illustrer la Déclaration de Fribourg sur les droits culturels, chère à Sylvain Groud. Enfin, puisque partager le processus de recherche avec l’autre c’est aussi faire avec lui l’expérience de la scène, Music for 18 musicians et Let’s Move convient aux côtés d’une poignée de danseurs professionnels une centaine d’amateurs qui transmettent leur énergie au public, le soulevant au rythme de la musique de Steve Reich pour la première, de standards de comédies musicales pour la seconde.

Delphine Baffour