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Focus -244-ORCHESTRE NATIONAL DE JAZZ

30 ans d’ONJ : flashbacks

30 ans d’ONJ : flashbacks - Critique sortie Jazz / Musiques
© Denis Rouvre De gauche à droite : Claude Barthélemy, Franck Tortiller (assis), Denis Badault, Daniel Yvinec (assis), François Jeanneau, Didier Levallet (assis), Paolo Damiani, Laurent Cugny, Antoine Hervé (assis), Olivier Benoit.

Publié le 25 mai 2016 - N° 244

Retour sur les 11 orchestres (et les 10 directeurs musicaux ou artistiques successifs) qui ont écrit les trois premières décennies de la formation.

1986 : Charge à une figure du jazz hexagonal, François Jeanneau, d’ouvrir le « band » de cet ovni du paysage musical. Voulu par les pouvoirs publics, l’ONJ fit ses débuts au Théâtre des Champs-Elysées devant les caméras. Une seule année, pour ce premier mandat, c’était trop peu. Les suivants furent allongés à deux, puis trois ans.

 

1987 : En confiant à un chef de 28 ans les clés du second ONJ, c’est clairement l’émergence d’une nouvelle génération de compositeurs qui était saluée. Familier du jazz comme des univers classiques et contemporains, Antoine Hervé, féru de composition, aimait Zappa et Weather Report, Thelonious Monk et Jaco Pastorius, qu’il fit cohabiter avec brio sous sa plume.

 

1989 : Ancien partenaire de Michel Portal, le guitariste Claude Barthélemy bouleversa l’orchestration de l’ensemble, avec une surreprésentation de cuivres et un bel accordéon au milieu, et des musiciens venus de tous les horizons. L’ONJ s’envola jusqu’au Japon et cultive un art du désordre dans des partitions très savamment étayées.

 

1991 : L’un de ses trois albums s’intitulait « Monk Mingus Ellington », mais si Denis Badault proclamait ainsi son attachement aux grands compositeurs de l’histoire du jazz, c’était sans esprit de révérence. Trop facétieux pour les interpréter à la lettre, il se fit un malin plaisir de les réarranger « à sa sauce » en gardant en ligne de mire le sens du swing.

 

1994 : Disciple de Gil Evans avec qui il effectua toute une tournée et enregistra deux albums, Laurent Cugny trouva avec l’ONJ les moyens de donner à son talent d’écriture toute sa mesure, découvrit une paire de musiciens italiens irrésistibles (Stefano Di Battista et Flavio Boltro), remonta aux sources du jazz et invita Lucky Peterson à chanter le blues des origines.

 

1997 : Marqué par les remises en question apportées par le free jazz, tant en matière d’improvisation que de composition, le contrebassiste Didier Levallet tira l’ONJ vers d’autres territoires moins balisés, conviant quelques libres penseurs à l’aventure, tels les saxophonistes Daunik Lazro et John Surman ou la chanteuse Jeanne Lee.

 

2000 : La nomination du violoncelliste et contrebassiste italien Paolo Damiani plaça l’orchestre sous l’inspiration d’un « Charméditerranéen », mot-valise qui servit de titre à l’unique album de cette édition de l’ONJ dont Gianluigi Trovesi, Anouar Brahem et François Jeanneau enrichirent le répertoire.

 

2002 : L’ONJ revint aux mains de Claude Barthélemy une seconde fois, qui fit le pari de la jeunesse, recrutant des musiciens issus de tous les coins de l’Hexagone. Pensé selon un axe de symétrie (deux trompettes, deux sax, mais aussi deux basses et deux guitares), il revendiquait un « troisième courant à la française », entre Martial Solal et Pierre Boulez.

 

2005 : Un ONJ pensé comme un orchestre à temps plein, qui débuta avec un programme de reprises… de Led Zeppelin ! Voilà qui défrisait les amateurs de swing mais rendit aussi la formation très populaire, conformément à ses missions. Bien joué par le vibraphoniste Franck Tortiller !

 

2009 : La volonté de réformer le concept de l’ONJ aboutit à la nomination d’un directeur artistique. Daniel Yvinec ne joue pas mais a de bonnes idées : solliciter la plume subtile de Vincent Artaud pour saluer Robert Wyatt ou passer commande au batteur américain John Hollenbeck pour un vertigineux album, « Shut up and Dance », nominé aux Grammy Awards !

 

2014 : Une formation de dix instrumentistes plutôt qu’un big band, marquée par la personnalité de musiciens aux multiples expressions stylistiques, tel est l’ONJ voulu par le guitariste Olivier Benoit, qui décline au sein du projet « Europa » un imaginaire du jazz et de l’improvisation par le biais des capitales, de Paris à Berlin, de Rome à Oslo.

 

Vincent Bessières

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