FineTuning

Alliant danse et musique traditionnelles dans un accord parfait, FineTuning dépasse largement son propos. Le quatuor à cordes est hongrois, la compagnie de danse slovaque, mais ils s’unissent à merveille dans ce spectacle tradi-contemporain. En fait, la danse traditionnelle hongroise englobe non seulement le répertoire du territoire de la Hongrie actuelle, mais aussi celui des populations hongroises qui faisaient partie des anciens territoires de l’empire austro-hongrois. Il s’agit principalement de la Transylvanie (Roumanie actuelle), de la Voïvodine (Serbie actuelle), d’une petite partie de l’ouest de l’Ukraine, d’une grande partie de la Slovaquie et de la Croatie, ainsi que de quelques villages aujourd’hui autrichiens. Du coup, c’est un répertoire d’une richesse extraordinaire dans lequel il n’est pas difficile de puiser ses sources d’inspiration. On y trouve des danses en rond, des danses guerrières et virtuoses, et bien sûr des csárdás lentes ou rapides…

De l’ancien moderne

Mais FineTuning ne se contente pas de ce corpus ethno-traditionnel. La danse lorgne du côté du contemporain et la musique vers le classique. D’ailleurs, la figure tutélaire de cet ensemble pourrait bien être Béla Bartók, qui, recueillant les chants folkloriques de Hongrie, les transcrit dans des compositions modernes. Ainsi de FineTuning. Tout en utilisant ce vocabulaire chorégraphique ancien, le chorégraphe Dusan Hégli crée une pièce d’aujourd’hui, très sobre, avec sa scénographie blanche et grège, ses interpolations entre danseurs et musiciens, et ses rythmiques très tenues. Il évoque à travers le langage corporel la vie quotidienne, les sentiments et les mouvements de tout un chacun, mais aussi des sujets plus délicats, comme l’exclusion sociale, l’hypocrisie ou la violence familiale. Le tout est très virtuose, très élégant, et intemporel. Déjà venus dans le même théâtre l’année dernière, ils reviennent y reprendre le même spectacle. C’est dire leur succès !

Agnès Izrine