Danse - Entretien / Dalila Belaza
Figures, version performative de Dalila Belaza
Chorégraphie Dalila Belaza
Musée de l’Orangerie
Publié le 23 septembre 2024 - N° 325
Dalila Belaza nous avait fascinés, dans son précédent solo, avec son personnage-matière qui se révélait à la nuit. Elle en propose aujourd’hui une nouvelle version, pour d’autres types d’espaces comme le Musée de l’Orangerie.
« J’ai tenu à affirmer que cette nouvelle version était performative pour la différencier de la version pour boîte noire, qui constitue une forme de voyage, avec une forme de lumière, dans la nuit. Il s’agit pour moi de re-questionner la pièce, mais en réalité, je ne fais pas de différence entre l’obscurité et la lumière : il y a quelque chose pour moi qui doit apparaître dans les deux dimensions. La pièce convoque l’invisible, qui concerne à la fois le noir et la lumière. Cela me demande un réajustement intérieur qui va m’inciter à trouver d’autres équilibres pour re-convoquer cet invisible. J’ai été ravie de la proposition de danser dans les Nymphéas, parce qu’avec les toiles de Monet, il y a déjà un paysage, des profondeurs de champ aussi, qui me permettent de trouver des endroits de résonnance et de dialogue avec ma présence et celle du personnage-matière. Je ne considère pas cela comme une problématique de devoir apparaître en plein jour au Musée de l’Orangerie.
Plongée intérieure
Je pense que c’est une question de temps : à partir du moment où on commence à scruter une chose, que ce soit en pleine nuit ou en plein jour, on voit des choses que l’on ne voyait pas de prime abord. On creuse l’instant présent avec la première partie qui révèle l’arrivée du personnage-matière, avec l’idée de prendre le temps de le connecter aux spectateurs, et de travailler leur propre disposition à laisser venir une chose à eux, à rentrer dans une autre temporalité. Je n’arrive pas avec une envie que je projette sur le lieu, ni avec une espèce de cartographie mentale. C’est assez périlleux, mais il faut que j’arrive avec quelque chose qui donne la sensation que c’était l’écrin parfait pour ça, et que le solo trouve tout de suite des racines pour faire vivre l’espace. J’ai l’intime conviction qu’on rejoint toute forme d’espace et qu’on en fait partie à partir du moment où on reconquiert un espace intime. C’est la sensation que j’ai eue quand on a joué au Panthéon avec Nacera Belaza. La seule manière de rejoindre ce genre d’immensité-là, c’est une plongée intérieure. À partir du moment où le chemin est créé intérieurement, il peut prendre place n’importe où. L’invisible c’est ça : c’est tout ce qui nous échappe, tout ce que l’on ne comprend pas, tout ce qui est là en potentialité. Et diversifier les lieux c’est vérifier que la pièce a ce potentiel-là. »
Propos recueillis par Nathalie Yokel
A propos de l'événement
Figures (version performative)du lundi 14 octobre 2024 au lundi 14 octobre 2024
Musée de l’Orangerie
jardin des Tuileries, 75001 Paris
à 19h et 20h30 dans le cadre du Festival d’Automne. Tél. : 0 1 53 45 17 17.