La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Fahrenheit 451

Fahrenheit 451 - Critique sortie Théâtre Aubervilliers Théâtre de la Commune
Crédit Photo : Philippe de la Croix Légende : Simon Eine et Quentin Baillot dans Fahrenheit 451.

Théâtre de la Commune / de Ray Bradbury / mes David Géry

Publié le 25 janvier 2013 - N° 206

David Géry signe l’adaptation et la mise en scène du roman de Ray Bradbury, Fahrenheit 451. De la science-fiction des années 1950 à la réalité de ce début de XXIème siècle, un spectacle qui tente de mettre en jeu les questions de la pensée, de la liberté, de la résistance, du bonheur. 

451 degrés Fahrenheit (environ 232 degrés Celsius), c’est la température, selon Ray Bradbury, à laquelle le papier prend spontanément feu au contact de l’air. Dans le roman que l’écrivain américain (disparu en juin dernier, à l’âge de 91 ans) a publié en 1953, les pages des livres ne brûlent pas par auto-inflammation, mais suite aux autodafés perpétrés par des brigades de pompiers ayant pour mission de débusquer les volumes illégalement conservés par d’irréductibles bibliophiles. Car dans la société futuriste imaginée par Ray Bradbury, la possession d’ouvrages écrits – de quelque nature qu’ils soient – est formellement défendue. Pourtant, des individus, au péril de leur vie, refusent de se plier à cette interdiction. Troublé par la ferveur et l’abnégation de ces résistants, un pompier se pose des questions sur la dangerosité des livres, objets que l’on accuse d’être source de mal-être et de mélancolie. Cet homme finira par rejoindre ceux qui veulent encore croire que la pensée est un facteur d’émancipation et de bonheur.

Le feu contre les ravages de la mélancolie

La représentation élaborée par le metteur en scène David Géry à partir de l’œuvre de Ray Bradbury pose clairement les enjeux d’une société qui, bien qu’imaginée au début des années 1950, rejoint de manière criante les impasses et les dérives de notre réalité contemporaine. Suprématie du divertissement, du zapping, de l’image ; rejet de la pensée et de l’approfondissement : Fahrenheit 451 se révèle, à bien des égards, étonnamment visionnaire. Fidèle au roman dont il s’inspire, ce spectacle – sincère mais sans grande inspiration – défend l’idée d’un monde de résistance au sein duquel le livre et la culture occupent des places essentielles. Le propos nous parvient, mais s’enlise dans des excès de réalisme et de psychologie qui bornent le théâtre au lieu de l’animer. Quentin Baillot, Lucrèce Carmignac, Simon Eine, Gilles Kneusé, Alain Libolt, Clara Ponsot et Pierre Yvon ne déméritent pas. Mais les pesanteurs de la mise en scène à laquelle ils prennent part ne laissent que peu de champ à leur bonne volonté.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Fahrenheit 451
du mercredi 16 janvier 2013 au dimanche 3 février 2013
Théâtre de la Commune
2 rue Edouard-Poisson, 93300 Aubervilliers

Du 16 janvier au 3 février 2013. Les mardis et jeudis à 19h30, les mercredis et vendredis à 20h30, les samedis à 18h, les dimanches à 16h. Tél. : 01 48 33 16 16. www.theatredelacommune.com. Durée de la représentation : 2h. Egalement le 13 février 2013 au Théâtre Firmin Gémier – La Piscine de Châtenay-Malabry, du 19 au 23 février à la Scène nationale de Sénart, du 19 au 23 mars aux Célestins – Théâtre de Lyon.
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